L'étude de la fiction trouve tout d'abord sa place surtout dans la recherche en littérature. Pourtant, la question des objets non-existants et le problème sémantique de l'absence de référence de certaines expressions linguistiques intéressent aussi les philosophes de la tradition analytique et de la logique, particulièrement depuis les travaux de Russell (1905). Dans le champ de la linguistique, il y a aussi des études sur les critères permettant de décider à quel type d'entité abstraite correspond une expression linguistique donnée.
Outre la littérature, la philosophie et la linguistique, il y a un quatrième champ, celui du droit et de la morale, que possède la spécificité de placer les enjeux liés à la notion de fiction dans un champ prescriptif. Les exemples de normes dites « fictives » sont fréquents dans le droit et dans la morale et sont attestés dès l'Antiquité. Toutefois, peut-on vraiment considérer les normes comme des objets fictifs, ou seront-elles seulement des objets abstraits ?
L´analyse de la notion de fiction comme objet d'une confrontation interdisciplinaire spécifique pourrait s'avérer fertile, car le rapprochement entre ces différents traitements permettrait de rechercher les motifs récurrents d'un champ à l'autre, mais aussi de démarquer les particularités du traitement sémantique déontique et, ainsi, de poser les premiers jalons d'une étude systématique de la fiction de type normatif.
L'enjeu de ce séminaire est tout d'abord de permettre la rencontre de chercheurs issus des différents domaines que sont le droit, la logique, la morale, la linguistique et la littérature. Cette rencontre permettra l'analyse de la notion de fiction dans ces différentes approches et aura pour objectif l'éclaircissement des caractéristiques normatives de cette notion.
Séminaire organisé par Shahid Rahman (STL UMR 8163 - université Lille 3) et Juliele Sievers (STL UMR 8163 - université Lille 3).
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