La contrainte mentale vécue par les personnes aboutit parfois à des troubles psychologiques, tels que ceux repérés par exemple en médecine du travail en tant que «troubles psycho-sociaux». La contrainte mentale peut être considérée comme l'obligation d'avoir à fournir un effort mental. Mais qu'est-ce que l'effort mental?
Si l'effort physique est bien connu, il n'en va pas de même de l'effort mental. En psychologie cognitive, les travaux pionniers de Kahneman (1973) considéraient l'effort comme étant la quantité de ressources attentionnelles assignées à une tâche. Néanmoins, l'exigence de la tâche ne présume pas de l'effort que va fournir le sujet (Guerrien, 2006). La dimension motivationnelle joue ici un rôle déterminant, et justifie de distinguer effort de réalisation de la tâche et effort de gestion de l'état motivationnel (Mansy-Dannay et Guerrien, 2002). La contrainte inhérente à la séquentialité des tâches (Marchandise, Mansy-Dannay, Clerc et Guerrien, soumis) est également à considérer en tant que source spécifique d'effort mental, en particulier par la mise à contribution des fonctions exécutives que cela implique.
Conjointement à la modélisation de l'effort mental, il est nécessaire de réfléchir aux moyens de le mesurer. Pouvoir quantifier l'effort mental requis dans divers contextes apparaît comme une étape nécessaire, tant dans la prévention de conséquences délétères sur la santé (fatigue, dépression, burn-out, suicide) que dans l'élaboration des enjeux juridiques attachés à la reconnaissance de l'effort mental.
L'objet de ce séminaire est de confronter différentes approches en sciences humaines (psychologie, neurologie, ergonomie, droit) sur les questions de la nature de l'effort mental, des moyens de le mesurer, et de ses potentielles conséquences délétères sur la santé (dépression, burnout, suicide).
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