Ce projet vise à étudier, dans une approche pluridisciplinaire, les formes d'interaction entre les traitements sensoriels et les représentations motrices permettant la perception subjective des limites de l'espace péripersonnel. Nous faisons l'hypothèse que la délimitation de cet espace s'appuie sur la capacité de notre cerveau à construire un schéma corporel abstrait et à prédire / ante percepto / les conséquences d'actions potentielles suggérées par les éléments de l'environnement. Selon cette perspective, les informations visuelles seraient naturellement codées dans un format moteur et l'activation des processus d'effectuation motrice permettrait d'anticiper les conséquences de l'action avant sa réalisation. La prédiction de l'état final de l'organisme permettrait ainsi de fournir des informations sur la faisabilité de cette action et contribuerait de ce fait à la catégorisation cognitive de l'espace. Cette conception basée sur l'anticipation des conséquences de l'action a des implications importantes non seulement sur le plan fondamental pour les théories de la cognition en sciences cognitives et les approches phénoménologiques de la pensée en philosophie, mais également dans le champ de la santé. L'espace péripersonnel devrait en effet se différencier chez des personnes présentant ou non des déficits moteurs fonctionnels. Ce projet vise ainsi à élaborer, dans une approche pluridisciplinaire, les méthodologies expérimentales permettant de valider une conception de la perception spatiale basée sur l'anticipation de l'action. Il ambitionne également d'identifier les substrats neuronaux impliqués dans la prédiction des conséquences de l'action afin de mieux comprendre les enjeux de la présence de déficits moteurs fonctionnels pour la cognition spatiale. Il vise enfin à évaluer les conséquences théoriques du modèle de l'anticipation de l'action pour la compréhension phénoménologique des relations entre perception et motricité.
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