Faciliter l’Apprentissage de Noms par des Images à fort potentiel MOteur

Un important défi sociétal est d’aider les jeunes enfants des milieux défavorisés à acquérir du vocabulaire, sachant que le niveau de vocabulaire est hautement prédictif de la réussite scolaire. En articulant les perspectives théoriques de la psychologie du langage et des neurosciences de l’action, le projet vise à évaluer le rôle des images dans l’apprentissage de nouveaux noms chez les enfants de 8 ans. Les données cérébrales à l’appui des théories incarnées de la cognition indiquent que l’accès aux concepts d’objet s’accompagne de simulations sensorimotrices des interactions possibles avec l’objet. Par ailleurs, associer des gestes au mot améliore l’apprentissage de noms d’objets inventés chez l’adulte et de mots de langue seconde chez l’enfant. Ces résultats suggèrent que la simulation motrice des interactions avec les objets puisse favoriser l’apprentissage de nouveaux noms d’objets chez l’enfant d’âge scolaire. En accord avec cette hypothèse, nous souhaitons évaluer si augmenter le potentiel moteur des images d’objets facilite l’acquisition du nom correspondant. Dans ce but, les enfants seront amenés à apprendre trente nouveaux noms d’objets (e.g., « serfouette ») présentés avec des images à fort ou faible potentiel moteur. Le potentiel moteur de l’image sera manipulé en présentant l’objet en situation d’utilisation fonctionnelle ou non (mains manipulant l’objet ou non). L’impact du potentiel moteur de l’image sur l’apprentissage des mots sera évalué à l’étape de configuration lexicale (acquisition d’une nouvelle forme) et engagement lexical (intégration du nouveau du mot à un réseau) immédiatement après l’apprentissage et après plusieurs cycles de sommeil. La distinction entre configuration et engagement lexical, fondamentale pour les modèles du langage, n’est classiquement pas adressée dans les études portant sur le rôle des simulations motrices dans la compréhension du langage. Le projet ouvrira de nouvelles directions de recherche sur les interactions entre images et mots au sein du développement cognitif et contribuera à l’enrichissement des recommandations existantes sur comment faciliter l’apprentissage de vocabulaire chez le jeune enfant.