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Depuis plus de vingt ans, Jean-Loup Amselle s’interroge sur le sens des mots « culture » et « ethnie », termes centraux en ethnologie et en anthropologie. Réfutant l’opposition factice entre républicanisme et multiculturalisme communautarien, les travaux de Jean-Loup Amselle décèlent, derrière le tabou de l’ethnie, une entreprise de longue haleine, menée sur les plans politique, sociologique et idéologique par de véritables entrepreneurs d’ethnicité: la tentative de dissoudre la classe dans la race, de substituer aux déterminismes sociaux un déterminisme culturel fondé sur une vision figée, statique et anhistorique de la culture. Dans le sillage du passé colonial, l’invention des ethnies consiste à identifier et à séparer des identités culturelles closes et étanches, instrumentalisées par le pouvoir pour asseoir sa domination sur les peuples colonisés, comme, plus récemment, sur ces « colonies intérieures » que sont les « quartiers sensibles ». L’origine, de même qu’une certaine version de l’islam, opèrent comme critère d’assimilation ou d’exclusion, voire comme principe de soumission. Contre cette ethnicisation de la France qui enferme certaines populations dans des ghettos identitaires, l’oeuvre polémique de Jean-Loup Amselle interroge les logiques métisses qui font de la culture un réservoir de pratiques dynamiques, se transformant sans cesse au cours de l’histoire à travers les relations interculturelles.
Jean-Loup Amselle est anthropologue et ethnologue, directeur d’études à l’EHESS. Il a notamment publié : Logiques métisses (Payot), L’ethnicisation de la France (Lignes), Vers un multiculturalisme français : l’empire de la coutume (Aubier) ; Islams africains : la préférence soufie (Le Bord de l’eau).
Sophie Djigo est philosophe, professeur au lycée Baudelaire de Roubaix. Elle a notamment publié L’éthique du gangster au cinéma (PUR) ; Les migrants de Calais (Agone).
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