L’acquisition de l’orthographe et du vocabulaire constitue un enjeu majeur pour la maîtrise de la lecture et de l’écriture. Un défi éducatif important consiste donc à déterminer les conditions permettant d’optimiser ces acquisitions. L'enseignement du vocabulaire contribue à la maîtrise de l'orthographe lexicale en favorisant l'automatisation de la reconnaissance des mots et l'accès à leur sens. Cependant, il n’existe que peu de données sur le format des exercices proposés (dictée, épellation). En associant les domaines de psychologie de l’action, du contrôle moteur et des neurosciences cognitives, le projet étudiera l’influence des connaissances motrices liées à la production de mots au cours de leur apprentissage sur l’orthographe lexicale. Les théories incarnées du langage, postulent que la lecture d’un mot s’accompagne d’une réactivation d’un ensemble d’expériences sensorielles et motrices préalablement vécues avec le concept. Ces expériences motrices semblent enrichir le concept et améliorer la rétention du nom. Or, la particularité du matériel linguistique écrit, est qu’il est fortement associé à un geste spécifique : le geste d’écriture. Ce geste, qu’il soit dactylographié ou manuscrit, fait partie des expériences motrices qui sont rappelées lorsque nous lisons un mot. L’objectif du projet consistera à étudier dans quelle mesure l’écriture au clavier, habileté procédurale ayant une forte composante séquentielle, peut faciliter la capacité à connaître la bonne séquence des lettres qui composent un mot. Dans ce but, une tâche de résolution d’anagrammes (étude 1) et une tâche de décision lexicale suite à un apprentissage dactylographique (étude 2) seront proposées aux participants afin d’évaluer leur représentation orthographique de mots. Lors de l’étude 1, le contexte visuel de présentation des lettres formant l’anagramme sera soit congruent avec la manière apprise d’écrire le mot, soit incongruent. Le temps de résolution de l’anagramme ainsi que la validité de la solution seront recueillis et analysés pour tester l’hypothèse de facilitation motrice sur la résolution d’anagrammes. Lors de l’étude 2, les participants devront apprendre des nouveaux mots dans une langue seconde selon deux modalités de pratique (au clavier vs. par observation visuelle) puis effectuer une tâche de décision lexicale. Le temps de réponse et le pourcentage de réponses correctes seront recueillis et analysés pour tester l’hypothèse de facilitation motrice sur la décision lexicale. Le projet ouvrira de nouvelles directions de recherche sur les interactions entre écriture et lecture et contribuera à l’enrichissement des recommandations existantes sur comment faciliter l’apprentissage de vocabulaire et de l’orthographe en langue maternelle comme en langue seconde.
URI/Permalien: