La ville de Lille a la chance d’abriter le plan-relief qui la représente telle qu’elle était au milieu du 18e siècle. Cette maquette d’époque fait partie d’une collection française d’une centaine de plans-reliefs, conservés au Musée des Plans-reliefs de Paris mais dont quinze plans sont en dépôt au Palais des Beaux-arts de Lille. Les plans-reliefs sont passionnants car ils nous permettent de voyager dans le temps pour découvrir des villes en trois dimensions avec de nombreux détails, ce que peu de sources historiques permettent à l’échelle d’une ville entière. Pourtant, ils restent difficiles à appréhender par le grand public qui est mis à distance par la vitrine et la taille de l’objet. De plus, ces plans-reliefs ont bénéficié de peu d’études scientifiques approfondies, alors qu’ils posent des questions nombreuses sur la manière de représenter la ville, la variation des échelles, la standardisation des éléments ou tout simplement sur leur utilité foncière, entre objets d’apprentissage militaire et « jouets princiers » de prestige.
Aujourd’hui, le plan-relief de Lille est au cœur d’un projet de réaménagement du Palais des Beaux-arts qui vise à offrir au public une vue rapprochée et enrichie de l’objet. Par ailleurs, le plan-relief de Lille est aussi le sujet d’un travail interdisciplinaire de recherche entre Histoire, histoire de l’art et informatique, associant deux professeurs (C. Denys en histoire, L. Grisoni en informatique), une doctorante en histoire (N. Dereymaecker) et un ingénieur en informatique (S. Degrande). Ce travail vise à mieux comprendre l’objet plan-relief et la manière dont il a été réalisé. Il s’agit de le confronter aux archives et aux bâtiments lillois conservés pour tester l’exactitude et les modalités de la représentation, en combinant méthodes historiques traditionnelles et nouveaux outils informatiques. Dans ce cadre, une numérisation du plan-relief par photogrammétrie a été décidée, afin de pallier la fragilité de l’objet et de faciliter les études futures. Deux UMR de l’Université de Lille : IRHIS pour l’histoire et CRISTAL pour l’informatique collaborent au projet, l’un par la recherche historique, l’autre par le développement d’outils de spatialisation des données et de comparaison d’image, spécialement conçus pour les besoins de recherche en Histoire. De plus, dans le cadre du réaménagement de la présentation muséale des plans-reliefs, la numérisation du plan-relief de Lille permettra d’offrir un outil de médiation performant, prenant en compte les résultats du projet interdisciplinaire et les attentes des visiteurs.
Le projet VaPReLiN (Valorisation du Plan-Relief de Lille par la Numérisation) s’inscrit donc au croisement de plusieurs collaborations entre l’Université et le Palais des Beaux-arts de Lille et entre les sciences humaines et les sciences techniques. La question de la numérisation d’un objet aussi complexe que le plan-relief (à la fois très grand et très détaillé, ce qui ne permet pas un simple balayage scanner) s’avère une opération compliquée, qui soulève des problèmes méthodologiques, techniques mais aussi épistémologiques. L’étude de cas ici développée s’inscrit en effet dans des interrogations de plus en plus prégnantes sur l’usage des nouvelles technologies en histoire et dans l’ambition de dépasser la seule reproduction de l’objet pour renouveler et enrichir les connaissances sur la ville de Lille au 18e siècle. La démarche de valorisation envisagée via le projet VaPReLiN entend couvrir l’ensemble des aspects scientifiques de ce travail en cours.
L’intention est de communiquer les objectifs, les méthodes et les résultats des travaux relatifs au plan-relief de Lille auprès des visiteurs du Palais des Beaux-arts mais aussi d’un public plus large, intéressé soit par les plans-reliefs, soit par les recherches innovantes en science humaine. La campagne de mécénat menée avec succès par le Palais des Beaux-arts pour financer la restauration des plans-reliefs prouve, s’il en était besoin, l’intérêt de la société civile pour ce patrimoine fascinant. Le plan-relief de Lille et les projets qui s’y rapportent suscitent un très grand intérêt de la part des acteurs académiques, du musée et de la part du grand public. Le projet VaPReLiN, s’il est retenu, facilitera l’information des visiteurs de tous horizons, de la communauté scientifique et, au-delà, de tous ceux qui s’intéressent au patrimoine et à la ville.
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