Ce projet vise à valoriser auprès du grand public une recherche sur les pratiques et les cultures alimentaires de la Première Guerre mondiale. Il s’appuie sur l’intérêt du public de toutes générations pour la gastronomie pour proposer des conférences/dégustations et ateliers autour de la cuisine populaire en temps de crise alimentaire, qui permettent de mettre en perspective d’un point de vue historique les enjeux actuels du développement durable alimentaire réinvestissant des pratiques et des techniques culinaires anciennes à l’échelle de l’Europe et de l’Amérique du Nord (réflexion nutritionnelle, cuisson sans feu, modes de conservation alternatifs au froid…). Ce projet souhaite ainsi revaloriser les pratiques populaires et l’inventivité des périodes de guerre et de crise alimentaire face à une approche de la cuisine souvent limitée à la haute gastronomie ou à la cuisine des chefs. Il souhaite proposer des conférences/dégustations ciblant le jeune public et les adultes qui permettra une approche concrète des enjeux de l’alimentation en contexte de guerre.
Les enjeux alimentaires de la Première Guerre mondiale ont connu récemment des éclairages nouveaux à l’occasion du Centenaire de la Grande Guerre, qui soulignent leur inscription dans un mouvement global de mondialisation, de développement durable alimentaire et de montée en puissance de l’agroindustrie.
Emmanuelle Cronier effectue notamment des recherches sur l’impact de la guerre sur l’économie domestique des pays belligérants et notamment alliés. Ce projet s’inscrit dans l’axe « Argumenter, décider, agir » de la MESHS en ce qu’il s’appuie sur une étude de l’évolution des discours et des pratiques alimentaires en temps de crise alimentaire à travers les recettes de cuisine « économiques » ou « de guerre » (presse, manuels et cahiers de cuisine). Les techniques et recettes proposées s’inscrivent dans une logique de développement durable alimentaire dans le cadre de la guerre totale mettant en valeur les notions d’économie, de frugalité et de partage. Ces recettes prennent place au sein d’un dispositif plus large de rationalisation de la consommation alimentaire qui touche toutes les échelles des sociétés en guerre (familles, cantines scolaires, soupes populaires, campagnes d’affiches publiques, cuistots du front). Elles s’inscrivent au sein d’une séquence Grande Guerre – crise des années trente – Seconde Guerre mondiale qui contraste avec la culture de l’abondance alimentaire qui a caractérisé le monde occidental depuis les années 1950, confrontée actuellement à ses limites et à une remise en question.
URI/Permalink: http://www.meshs.fr/page/alimguer