Risque et taux d'escompte dans le processus décisionnel économique et psychologique: une approche par les sciences cognitives

Dans le contexte économique actuel, la problématique et la compréhension de la prise de décision en univers incertain est fondamentale. Les périodes de crises nous rappellent à quel point notre système économique est instable et que chaque prise de décision, qu'elle soit individuelle ou collective est accompagnée d'une prise de risque. Comment ce risque est-il perçu et intégré aux choix économiques dans leur dynamique temporelle ? L'analyse économique rationalise  les  prises de risques selon un schéma d'organisation de la  conduite de la forme suivante : anticipation, évaluation du risque, et prise de décision. Chacun de ces comportements doit alors faire l'objet d'une analyse afin d'optimiser les choix économiques. Les théories économiques considèrent que cette optimisation s'appuie sur des théories psychologiques censées expliciter les mécanismes fondamentaux de chacune de ses composantes. Il existerait une adéquation entre la rationalité économique et psychologique. Cependant, il est peu probable que les agents adoptent la rationalité économique. Il n'existe pas en économie d'études de l'effet combiné du temps et de l'incertitude sur les choix chez l'humain au niveau individuel mais aussi au niveau collectif. Il représente le premier objectif de ce projet. Une autre critique que l'on peut adresser à l'Économie Comportementale concerne l'hypothèse sur l'implication du sujet humain à prendre des décisions risquées relative à un renforçateur offert. Pour mieux comprendre on prendra l'exemple ou le renforçateur utilisé est l'argent (ou des jetons convertibles en argent). Quelle valeur représente ce renforçateur offert pour le sujet puisqu'il n'a pas de contre partie en terme de travail ou de ressources et quelles en sont les conséquences sur les décisions et la prise de risque. On peut donc se demander si en effet, une somme d'argent donnée à un sujet en laboratoire à la même valeur que cette même somme gagnée par le travail (ou par toutes activité nécessitant des ressources et du temps) ? Par conséquent peut-on faire l'hypothèse que le renforçateur à une valeur absolue pour le sujet et que donc cette valeur en situation d'expérience de laboratoire est similaire à celle de la situation réelle ? Les expériences d'économie expérimentale supposent que les prises de décisions et de risques concernant un renforçateur offert en laboratoire sont équivalentes, par un phénomène de transfert inexpliqué du point de vue de la psychologie comportementale, à celles obtenues en situations réelles (où le renforçateur est obtenu en contre partie d'autres choses). Si ce n'est pas le cas de nombreux résultats expérimentaux seraient à remettre en question. L'analyse de l'interaction entre la manière d'acquérir le renforçateur et la prise de décision (couple comportement-issue) sera donc le deuxième objectif principal de ce projet. Pour cela les méthodes de l'analyse expérimentale du comportement seront exploitées. Au-delà, notre démarche change la perspective scientifique. Il ne s'agit plus d'une juxtaposition de point de vue de différentes disciplines, celui de l'économie, de la psychologie, des neurosciences mais d'une mise en cohérence conceptuelle et méthodologique. La porté théorique de ces travaux est importante et permettra de consolider et d'enrichir le socle sur lequel repose à présent l'économie comportementale et expérimentale. La translation de ces enjeux théoriques dans les préoccupations sociétales est évidente. La compréhension profonde des mécanismes décisionnels intéresse tout particulièrement le monde de l'entreprise et de l'administration qui y sont confrontés quotidiennement. Il en découle l'appréciation sur les moyens mis en oeuvre par des politiques sur les comportements de bien être (santé,  addictions), la politique économique, les questions environnementales contribuant au développement de solutions de développement durable, etc.