Ce cycle de séminaires a pour vocation d'offrir un lieu de réflexions permettant de croiser les approches interdisciplinaires traitant des enjeux environnementaux en sciences humaines et sociales (économie écologique, green political theory, political ecology, sociologie environnementale, etc.) avec une série d'objets autour desquels les discours sur l'environnement se cristallisent actuellement.
Cinq séances sont prévues, alternativement à Lille et Bruxelles.
Séance 1: Les services écosystémiques
La notion de « services écosystémiques » s'est développée dans le domaine scientifique à la fin des années 1990, comme une tentative pour mieux intégrer la protection des écosystèmes et de la biodiversité dans le langage des décideurs, en leur faisant prendre conscience des bienfaits (souvent minimisés voire ignorés) que les écosystèmes procurent aux sociétés humaines. Cette « métaphore » des services écosystémiques est cependant devenue aujourd'hui un outil opérationnel de gestion de l'environnement, sans que soit toujours questionnée la légitimité de cette notion, à l'interface entre le scientifique et le politique. L'objectif de cette séance est de revenir sur la manière dont deux courants interdisciplinaires - l'économie écologique et la political ecology - mobilisent cette notion, pour analyser la place qu'elle occupe dans leurs discours, ainsi que les débats et les positions qu'elle peut engendrer.
- Tom Dedeurdewaerde (Université Catholique de Louvain), « Réinventer l'économie des écosystèmes : pour une approche transdisciplinaire de la transition écologique ».
- Xavier Arnauld de Sartre (SET-CNRS, Pau), « Political Ecology des services écosystémiques ».
Discutants : Leslie Carnoye (CLERSE, Univ. Lille1) et Harold Levrel (CIRED, AgroParisTech).
L'entrée est libre et gratuite, dans la limite des places disponibles. Pour pouvoir nous permettre de vous acceuillir dans les meilleures conditions, merci de bien vouloir nous signaler votre présence. Contact : Olivier Petit: cette adresse e-mail
Séance 2 : Vulnérabilité
Le terme de vulnérabilité, que l'on peut qualifier de notion-phare dans les années 2000, est entré dans le vocabulaire des chercheurs et des décideurs publics, et est devenu incontournable dès lors qu'il fait référence aux populations, aux économies ou aux territoires. Les grands enjeux environnementaux (changement climatique) et les enjeux de société (pauvreté, crises, etc.) du XXI siècle sous-tendent de façon plus ou moins explicite la référence à la vulnérabilité. Cette multiplicité de sens est pour les chercheurs en sciences sociales une difficulté et une opportunité. L'objet de la séance consacrée aux vulnérabilités est alors d'explorer les transversalités, de croiser les regards et combiner les apports de différentes disciplines pour enrichir la connaissance sur l'objet d'études complexe qu'est la vulnérabilité.
- Vincent Geronimi (CEMOTEV, Univesrité de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines), « Enjeux théoriques et appliqués de l'approche par les vulnérabilités pour l'analyse du développement soutenable »
- Romain Weikmans (CEDD, IGEAT, Univ. Libre de Bruxelles), « Le concept de vulnérabilité et l'évolution de la compréhension du problème du changement climatique ».
Discutants : Caroline Rufin-Soler (TVES, Univ. Littoral Côte d'Opale) et François Gemenne (CEARC, Univ. Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines).
Séance 3 : Inégalités et conflits environnementaux
Les inégalités relatives à l'environnement ont fait l'objet d'importants travaux au sein des disciplines de sciences humaines et sociales (géographie, philosophie, sociologie) au point de leur accorder une diversité lexicale (inégalités territoriales, inégalités environnementales, inégalités écologiques). Celle-ci s'est accompagnée de nuances sémantiques selon le sens accordé à « l'environnement » et à ses relations avec la justice sociale. Cependant, le rôle des conflits environnementaux a peu fait l'objet de travaux en France, notamment pour comprendre comment la participation des acteurs autour de politiques environnementales pouvait renouveler notre manière d'appréhender les interactions entre les inégalités sociales et les impératifs écologiques. A travers l'économie écologique et la sociologie de l'environnement, cette séance nous permettra de mieux saisir comment les conflits autour de la préservation de l'environnement nous invitent à reconsidérer l'égalité sociale.
Valérie Deldrève (IRSTEA, Bordeaux), « Inégalités environnementales et parcs nationaux français ».
Recherche en cours pour le second intervenant
Discutants : Bruno Villalba (AgroParisTech, Paris) et Tom Bauler (CEDD, IGEAT, Univ. Libre de Bruxelles).
Séance 4 : Décroissance
Inspirées par les recherches en sciences physiques et en biologie sur la loi de l'entropie, nées dans l'esprit de l'économiste schumpetérien Nicholas Georgescu-Roegen, traduites en ces termes par le philosophe des sciences Jacques Grinevald, la trajectoire intellectuelle des théories de la décroissance n'a cessé de questionner les frontières disciplinaires depuis les années 1970. Le retour en force de ces théories dans les réseaux écologistes des années 2000, notamment suite à la politisation des inquiétudes liées au pic pétrolier, a contribué à remettre la question de la décroissance à l'agenda scientifique. Mais comment saisir cette notion polymorphe, désignant tantôt un destin physique, tantôt un paradigme économique, tantôt une prescription politique, tantôt une mobilisation sociale, tantôt une question anthropologique... ? Cette séance vise à faire dialoguer les différentes approches disciplinaires qui peuvent aider à cerner les contours de l'idée de décroissance, ainsi que son apport à la compréhension de la question environnementale aujourd'hui.
- Federico Demaria (ICTA, Univ. Barcelona); titre à venir
- Alain Gras (CETCOPRA, Univ. Paris 1), titre à venir
Discutants : Grégoire Wallenborn (IGEAT, Univ. Libre de Bruxelles); 2ème discutant à venir.
Séance 5 : Peak oil
Présentation du thème de la séance : Le pic de pétrole (peak oil) autrement dénommé `pic de Hubbert' désigne le moment où la production mondiale de pétrole plafonne avant de diminuer, inexorablement, sous la pression de la quantité limitée de ressources fossiles disponibles. Des débats récurrents existent depuis les années 1960, conduisant à remettre en cause les analyses faisant état de la survenue de ce pic de pétrole. Toutefois, ces débats prennent un nouveau tour depuis quelques années, avec la création de l'ASPO (Association pour l'étude des pics de production de pétrole et de gaz naturel) et avec l'intégration des éléments relatifs au peak oil chez les partisans de la décroissance.
- Yves Cochet (président de l'institut Momentum, ancien ministre de l'environnement), « Le capitalisme sera bientôt vaincu, non par la lutte des classes, mais par la géologie ».
- Mathilde Szuba (CETCOPRA, Univ. Paris 1), « Du pic pétrolier au rationnement individuel : sociologie politique des limites énergétiquesé
La gestion de l'environnement et des ressources naturelles constitue un champ de recherche assez jeune dans le domaine des sciences humaines et sociales, au regard de l'histoire des différentes disciplines. C'est essentiellement au cours des années 1960 et 1970 que se sont autonomisés, au sein de ces disciplines, des courants spécifiques interrogeant le rapport à l'environnement (sociologie de l'environnement, économie de l'environnement, géoenvironnement, histoire de l'environnement, etc.). Cette prise en charge progressive s'est construite aux marges des disciplines et a souvent emprunté des chemins faisant la part belle aux approches interdisciplinaires. Elle a aussi conduit à progressivement mobiliser une large gamme d'objets (enjeux, concepts, outils, valeurs, méthodes) que nous souhaitons interroger dans le cadre du présent cycle de séminaires. Plus précisément, l'objectif de ce cycle de séminaires est de confronter la manière dont un certain nombre de courants interdisciplinaires qui se sont structurés en sciences humaines et sociales autour des problématiques environnementales, abordent une série d'objets qui sont aujourd'hui devenus des éléments récurrents du discours sur les problématiques environnementales. Plutôt que d'envisager ces objets, dans la perspective d'une épistémologie constructiviste, comme étant des éléments d'un discours ordonné, nous souhaitons interroger les différents objets qui seront discutés lors des séances du séminaire, comme des points de focalisation des discours sur l'environnement ouvrant des débats et justifiant à la fois des bifurcations épistémologiques entre les différents courants analysés, mais également des rapprochements potentiellement féconds. En un sens, c'est donc à une déconstruction des objets que nous souhaitons parvenir, afin de comprendre comment ces objets s'articulent aux discours des courants qui traitent de l'environnement en SHS, quels enjeux ils posent, quels débats ils cristallisent, ce qu'ils permettent de penser, mais également ce qu'ils peuvent empêcher de considérer.
Olivier Petit (économiste, CLERSÉ, université d'Artois), Tom Bauler (économiste, IGEAT, CEDD, université libre de Bruxelles), Iratxe Calvo-Mendieta (économiste, TVES, université du littoral-côte d'Opale), Géraldine Froger (économiste, CEMOTEV, université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines), Caroline Lejeune (politiste, CERAPS, université Lille 2 et Sciences-Po Lille), Hélène Melin (sociologue, CLERSÉ, université Lille 1), Martino Nieddu (économiste, REGARDS, université de Reims-Champagne-Ardenne), Luc Semal (politiste, CESCO, muséum national d'histoire naturelle), Franck-Dominique Vivien (économiste, REGARDS, université de Reims-Champagne-Ardenne), en partenariat avec le portail des humanités environnementales et l'association Développement durable et territoires.

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