Le séminaire porte sur la "dépolitisation", question qui s'inscrit dans l'axe 3 du projet ADA ("réception argumentative, persuasion et effets de pouvoir"). En effet, elle se situe à la charnière des questions "d'argumentation, de décision et d'action" qui sont au coeur de cet axe.
La notion de "dépolitisation", si elle est très couramment utilisée, tant dans les espaces profanes qu'académiques, semble faire l'objet d'usages peu stabilisés et désigne des processus multiples, voire contradictoires. Un des buts du séminaire consiste à recenser et analyser les différents processus auxquels renvoie l'usage de cette notion. Conformément à l'esprit de l'axe, le séminaire réunit des chercheurs relevant de différents champs disciplinaires afin de rassembler des savoir-faire développés d'ordinaire de façon isolée. Tous ces chercheurs ont en commun d'avoir produit des analyses en termes de "dépolitisation" à partir de terrains de recherche très variés. Réunir des chercheurs travaillant sur des contextes sociaux d'énonciation et de réception de la "dépolitisation" différents, et mobilisant des grilles et méthodes d'analyse variées est conçu comme un moyen d'interroger les figures qui sont d'ordinaire associées au politique et au non-politique.
Outre la dissociation des différentes réalités auxquelles se rapport la notion de "dépolitisation", il s'agit aussi de questionner l'existence de frontières entre le politique et le non-politique et de penser leurs relations en termes de dynamiques. La "politisation" et la "dépolitisation" apparaissent alors comme le résultat du travail simultané et concurrentiel de groupes d'acteurs, les uns ayant intérêt à inscrire une question dans les registres et dans les formes de politique, les autres à empêcher ce processus ou à lui attribuer des qualités distinctes. En cela, le séminaire s'inscrit pleinement dans le deuxième volet de l'axe 3 qui analyse "le fonctionnement de l'argumentation dans les relation de pouvoir".
Le séminaire interroge de manière centrale l'opposition entre "politisation" et "dépolitisation", postulant que la seconde n'est pas (que) le contraire de la première. Dans cette perspective, il s'agit notamment de ne pas prendre a priori les processus que recouvrent ces deux termes pour des antonymes, et de dépasser l'idée de la politisation comme continuum - qui irait du dépolitisé au politisé - et où l'acteur politique ou le chercheur seraient réduits à déterminer un degré de "politisation" ou de "dépolitisation" à la manière du placement d'un curseur.
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