► 9h : Accueil - café
MATINÉE
Présidente de séance : Fabienne Blaise, Professeur de langue et littérature grecques à l'Université Lille 3 et Directrice de la MESHS
► 9h15 : Introduction par Peter Sahlins, Professeur d'histoire, Université de Californie à Berkeley
La Révolution animalière de 1668: perspectives sur les études animales en France
Mon intervention portera sur le bon usage de l'animal dans la construction de l'absolutisme et l'ordre classique à la première décennie du règne de Louis XIV. La décennie 1660-1670, et surtout l'an 1668, est remarquable par la conjoncture de pratiques et de représentations de l'animal : non seulement est-ce l'année de la publication des Fables de Jean de la Fontaine et de la production de la seule comédie de Jean Racine, Les Plaideurs (évoquant les nombreux procès d'animaux qui prenaient fin à l'époque) mais le moment fut marqué par la construction de la ménagerie et le labyrinthe de Versailles, le grand projet anatomique de l'Académie Royale des Sciences, une énorme production visuelle animalière à la cour, et la cause célèbre à Paris des transfusions sanguines entre animaux et hommes. Beaucoup de ces événements et de ces publications engagent, de manières différentes, la question de la réception et contestation du système cartésien de ``la bête machine." Mon projet, dans le contexte de la création d'une chaire d'excellence et d'un réseau de recherches français et international, serait de localiser ces faits et ces productions dans le contexte de la construction de l'absolutisme, la naissance de l'histoire naturelle moderne, et l'esthétique de l'Age Classique, tout en posant la question suivante : y-a-t'il un modèle français particulier des rapports hommes-animaux?
► 9h45 : Daniel Roche, Professeur (Chaire d'Histoire de la France des Lumières) au Collège de France
Des Chevaux et des hommes XVIe - XIXe siècles
Après avoir rappelé les trois dynamismes intellectuels qui peuvent orienter les historiens vers l'étude de la culture équestre, l'économie, l'anthropologie des loisirs et de l'écologie, le statut socio-culturel des équidés, je voudrais souligner l'importance des traditions qui en ont biaisé l'approche, l'Histoire des cavaliers et celle des militaires. Je suivrai ensuite les chevaux dans leurs espaces de relations avec les hommes : l'espace de la présence banale, à travers productions, consommations, usages ; l'espace de la puissance sociale, distinction transmise, pouvoirs représentés, rôle dans la guerre ; enfin, l'espace de la passion des arts équestres et des loisirs. Il s'agit moins de faire une Histoire de l'animal, globale, que de présenter l'analyse de la diversité de ses rapports aux hommes dans les sociétés d'écuyers, que l'on distingue des mondes cavaliers.
► 10h15 : Pierre Serna, Professeur à l'Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Directeur de l'Institut d'Histoire de la Révolution Française
L'Animal est il un citoyen comme un autre pendant la Révolution ?
Le propos consistera à faire le point rapide puisqu'il n'existe presque rien, sur un sujet trop peu sérieux jusqu'à présent pour entrer dans les polémiques idéologiques et des plus serrées sur l'interprétation et le sens de la Révolution française.
Et pourtant l'animal, au delà de son omniprésence dans l'espace révolutionnaire, métaphore, réalité des réquisitions, marché aux bestiaux, animalisation de l'ennemi, pose un problème politique d'importance dans le cadre scientifico-politique rencontré par les inventeurs de normes et taxinomies politiques. Où s'arrête la citoyenneté? C'est à dire où s'arrête le cercle du genre humain? C'est à dire encore que l'abaissement du degré de compétence pour faire partie du souverain pose la question ontologique de deux personnages clé au bord de l'animalité et qui provoque le vertige de la citoyenneté entière : que faire et où placer les femmes et les personnes noires? Question qui tout à coup révèle moins de frivolité à travailler sur les animaux et pose au contraire la question du droit des plus humbles longtemps animalisés et élevés à la citoyenneté , et par là même l'infinie question des animaux dans leur "étant" vivant et la reconnaissance de leurs droits.
► 10h45 : Pause-café
► 11h : Éric Baratay, Professeur d'histoire contemporaine, Université Jean-Moulin Lyon 3
Écrire l'histoire du point de vue de l'animal
L'histoire des animaux écrite depuis trente ans, en France et dans le reste du monde occidental, est une histoire humaine, qui dit beaucoup sur les hommes mais pas grand chose sur les bêtes. Mon travail récent a consisté à inverser le propos et à passer du côté des animaux pour voir comment ils vivent, perçoivent, ressentent les phénomènes historiques dans lesquels les hommes les entraînent ( : Du point de vue de l'animal, l'Histoire revisitée, Seuil, L'Univers Historique, à paraître en janvier 2012). Il s'agit aussi d'évaluer les évolutions de comportement, des espèces ou des groupes, suscitées par ces vécus, ou par les interactions avec les hommes dans le cas des animaux sauvages, ainsi que les ressentis et les perceptions au niveau individuel, ce dernier aspect étant en cours de recherche et de rédaction autour de biographies animales. Pour cela, il faut lire autrement les sources, en chercher de nouvelles, et adopter une démarche associant étroitement l'histoire et l'éthologie pour bâtir une histoire éthologique, montrant les évolutions de réactions, de perceptions, de comportements, et une éthologie historique, étudiant ces états à un moment donné.
► 11h30 : Erica Fudge, Senior lecturer, University of Strathclyde
What was it like to be a cow? French Ideas and English History.
This paper will take as its focus my own current - unfinished - research on the place and significance of livestock in early modern culture, and will look at some early modern and modern French writers and their impact on my attempt to reconstruct the lives of livestock animals and their owners in southeast England in the period 1620-1635. Key to my discussion will be sceptical ideas, anthropocentrism and the engagement with and representation of the sensual world, and I will be looking at the role that the ideas of Michel de Montaigne, Pierre Charron, Jacques Derrida and Alain Corbin have had on my thinking about this on-going project.
(Traduction simultanée assurée par Peter Salhins).
► 12h30 : Déjeuner
APRÈS-MIDI
Président de séance : Bruno Ambroise, Chargé de recherche au CNRS (CURAPP-ESS, UMR 6054) et responsable scientifique à la MESHS.
► 14h : Anne Simon, Chargée de recherche en littérature au CNRS (CRAL, UMR 8566-EHESS)
Création littéraire et études animales : vers un renouvellement des problématiques.
Les bouleversements historiques propres aux xxe-xxie siècles ont engendré un approfondissement de la question animale et des rapports hommes/bêtes dans de nombreuses disciplines. Dans ce concert intellectuel, les discours et représentations propres à la création littéraire ont été rarement pris en compte par une critique restée muette sur la question, ou l'abordant selon des points de vue traditionnels (symbolisme, allégorie, ancrage dans un terroir, bestiaires...). Fondé sur une approche interdisciplinaire, un renouvellement des problématiques se laisse cependant percevoir, que ce soit aux niveaux narratologiques, stylistiques et génériques, ou sur le plan de l'inscription des débats politico-sociaux dans les oeuvres de fiction. La communication proposera un parcours de ces reconfigurations et des problèmes spécifiques que les études littéraires peuvent rencontrer.
► 14h30 : Catherine Rémy, Chargée de recherche en sociologie au CNRS (CSI, UMR 7185-MINES-ParisTech)
Au-delà du paradigme de la représentation, l'étude de la « commune corporéité » des hommes et des animaux
L'approche « française » en sciences sociales des relations homme-animal a longtemps été dominée par ce que l'on peut appeler le paradigme de l'animal comme représentation. Dans une démarche d'anthropologie « classique », le chercheur a pour tâche de mettre au jour les représentations culturelles qui façonnent la perception et le traitement des animaux insérés dans les espaces humains. A partir de mon travail de terrain sur la question de la mise à mort de l'animal, je voudrais montrer que ce paradigme a conduit à faire l'impasse sur une dimension centrale de ces relations hybrides, à savoir la « commune corporéité » de l'homme et de l'animal. La prise en compte de cette commune corporéité, qui nécessite l'adoption d'une focale d'observation rapprochée des situations, rend possible une compréhension nouvelle des perceptions et des usages et ouvre la voie à un renouvellement important de ce champ d'études. De jeunes chercheurs en sociologie et en anthropologie travaillent aujourd'hui sur ces questions, notamment dans le domaine de la communication et de l'interaction entre hommes et animaux domestiques.
► 15h : Discussion/Table ronde
Président de séance : Peter Sahlins
► 17h15 : Clôture
SOIRÉE
► 17h30 : , Conservatoire de Lille
Dans le cadre des Conférences de la MESHS
Le pianiste Tom Johnson et le mathématicien Jean-Paul Delahaye donnent un concert-conférence le 17 janvier 2011 sur le thème Musique et mathématiques. Les oeuvres sont interprétées par Tom Johnson et cinq musiciens (Christopher Adler, Steve Gisby, Brian Parks, Samuel Vriezen, Michael Winter).
Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles.
Réservation conseillée