> Séance du séminaire "Sphère privée/sphère publique. Construire l'espace public en France et en Allemagne (XVIe-XXIe siècles)"
Cette séance s'attache à la mémoire de la guerre comme à un phénomène à la charnière de la sphère privée et de la sphère publique. Entre une anthropologie qui réhabilite la construction du vécu et une sociologie qui montre que le souvenir est un puissant instrument d'intégration sociale, la mémoire se trouve prise d'emblée dans un débat sur les rapports entre privé et public. Quand cette mémoire est largement imprégnée du souvenir des morts, elle oscille plus précisément encore entre le deuil - intime - et le culte des morts - politique et public.
Le cas des Soldats inconnus et des monuments aux morts de la Première Guerre mondiale peuvent permettre de préciser les choses.
L'inhumation du Soldat inconnu, souvent présentée comme une politique publique délibérée pour proposer une tombe de substitution aux endeuillés privés du corps d'un disparu, répondrait à un besoin de consolation des individus ; cette assertion mérite d'être interrogée tant du point de vue des pouvoirs publics que des individus.
Quant aux monuments aux morts, ils requièrent des autorisations des autorités publiques, ils peuvent bénéficier de politiques volontaristes comme de subventions publiques ; ils restent cependant souvent le fait d'initiatives privées et donnent lieu à des financements par souscriptions qui laissent entrevoir la mobilisation d'individus et de groupes variés. Là aussi, on peut se demander s'ils constituent ou non pour les endeuillés une forme de thérapie ou s'ils sont susceptibles d'offrir autre chose.
- intervention de Victor Demiaux, docteur de l'EHESS
- animation de la séance par Elise Julien, maître de conférences en histoire contemporaine (IRHIS, IEP de Lille)
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