La MESHS accueille des porteurs du projet de recherche «L'humain impensé» (financé par la COMUE Paris Lumières) pour qu'ils présentent plusieurs aspects de leur travail en cours et pour qu'à cette occasion, des liens puissent être tissés avec des chercheurs en SHS dont les laboratoires sont affiliés à la MESHS. Proposé dans le cadre de l'axe transversal «Épistémologie des SHS» de la MESHS, ce workshop est ouvert à tous.
Ce projet d'anthropologie générale se veut inter et trans-disciplinaire, et questionne les SHS dans leur ensemble et chacune d'elle en particulier. Son enjeu est de «réveiller» le thème apparemment banal de l'humain, lui faire tenir ses promesses scientifiques, faire jaillir de lui la richesse philosophique. Tâche passionnante, mais tâche ardue. L'opération d'objectivation de l'humain n'est ni heureuse ni facile. Cette journée d'étude entend montrer que, bien que chaque démarche ait le sentiment de totaliser l'humain et de couvrir tout le champ de sa manifestation, chacune emprunte à l'autre et d'ailleurs, chacune a sa façon de se révéler paradoxale.
Programme de la journée
9h30 | Accueil des participants et ouverture du workshop par Martine Benoit, directrice de la MESHS
10h | L'anthropologie du volume, par Albert Piette, professeur d'ethnologie à l'université Paris Ouest Nanterre-la Défense
Discussion lancée par Richard Sobel, maître de conférences HDR en économie à l'université de Lille (Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques)
Comment éviter de détourner le regard de l'anthropologue et le focaliser vers les êtres humains? Car de fait c'est à d'autres choses que s'intéresse l'anthropologie: culture, société, action, relation, expérience, etc. Il s'agira d'amener à la discussion une étrange répartition disciplinaire et de réfléchir à la possibilité que l'anthropologie soit une science des unités humaines.
11h15 | La personne, latitude et longitude, par Anne Raulin, professeure d'anthropologie à l'université Paris Ouest Nanterre-la Défense
Discussion lancée par Judith Hayem, maître de conférences en ethnologie à l'université de Lille (Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques)
On s'intéresse au fait que la personne, unité humaine par excellence, reçoit des acceptions fort différentes selon les époques, les cultures et les courants de pensée anthropologiques, sans parler des méthodologies d'approche de sa réalité _ ce dont il sera ici justement question.
14h | Les géographes et la tentation littéraire: questions pour les sciences humaines, par Henri Desbois, maître de conférences en géographie à l'université Paris Ouest Nanterre-la Défense
Discussion lancée par Anne-Gaëlle Weber, professeure de littérature à l'université d'Artois
On observe depuis quelques années un rapprochement entre la géographie et les études littéraires. D'un côté, des spécialistes de littérature s'intéressent aux questions de représentation de l'espace, et de l'autre, des géographes intègrent parmi leurs sources des oeuvres littéraires. Les motivations et les méthodes des géographes qui s'intéressent à la littérature sont très variées. Une partie d'entre eux cherchent dans la littérature un moyen de compenser ce qui apparaît comme une insuffisance dans la prise en compte du sujet humain dans les approches géographiques plus traditionnelles. Cette démarche a été théorisée en particulier par des géographes influencés par la phénoménologie, comme Éric Dardel en France dans les années 1950, ou comme le courant de la géographie humaniste, dont Tuan est le promoteur le plus ardent et qui, à partir des années 1970 et dans les pays anglophones, s'efforce d'inventer une géographie dont le modèle ne serait pas celui des sciences exactes.
Ce genre d'approches, jusqu'à présent, sont restées plutôt marginales. La géographie humaniste était, en grande partie, une réaction contre la poussée des méthodes quantitatives. Le regain d'intérêt qu'on voit aujourd'hui chez les géographes pour la littérature est aussi souvent explicitement lié au contexte actuel. La pensée algorithmique, la mesure, la culture de l'évaluation, sont de plus en plus dominantes dans l'univers académique et au-delà. Affirmer que la subjectivité, l'imagination, sont aussi essentielles à l'intelligence du monde que le chiffrage et la mesure, est une façon de tenter de sauvegarder ce que René Char appelait «la part de l'homme réfractaire aux projets calculés».
15h15 | La question de l'humain, par Jean-Michel Salanskis, professeur de philosophie à l'université Paris Ouest Nanterre-la Défense
Discussion lancée par Richard Sobel
Cette intervention vise à tirer un bilan provisoire des deux premières années du projet, en dégageant et distinguant trois niveaux du problème de l'humain:
1) quelle détermination peut-on adopter de l'essence humaine?
2) quels sont les modes de réflexion universels dont nous disposons de notre expérience humaine en tant que telle?
3) quel contenu doit-on donner à la «valeur» de l'humain?
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