Le projet partenarial se décline en deux journées d'études et un séminaire de recherche. Ces rencontres ont pour objectifs de structurer un réseau de chercheurs de plusieurs villes de France (Amiens, Aix-en-Provence, Bordeaux, Lyon, Lille, Paris, Toulouse), d'organiser leur enquête collective et de réfléchir aux différents éclairages disciplinaires à porter sur cette même technique de mobilisation électorale.
En 2012, les campagnes électorales présidentielles et législatives se déclinent un peu partout en France en réunions publiques et meetings électoraux. Les meetings, par leurs dimensions discursive, communicationnelle, émotionnelle et politique sont un objet se prêtant au croisement des regards. Pour étudier ces rites politiques, il convient de faire appel à des outils et concepts issus de la science politique, de la sociologie, de l'histoire, de l'anthropologie et des sciences de l'information et de la communication.
La forme qui structure aujourd'hui les grands meetings des campagnes électorales, a évolué au fil du temps. Les premiers meetings électoraux sont une démonstration de force qui vient concurrencer la force des notables pour légitimer ceux qui entendent représenter le peuple. Progressivement, les réunions publiques se centrent sur des personnalités politiques. L'éloquence devient un élément fondamental du capital politique. Davantage que le rassemblement, c'est le candidat que les meetings mettent en exergue. La théâtralisation de ces manifestations le place au centre du dispositif ; son discours devient le moment clé. En effet, si le public compte, c'est surtout la parole et l'argumentation qui se révèlent d'une importance centrale. Les discours prononcés sont les premiers éléments repris par les journalistes. Qui a parlé ? Qui a dit quoi ? Quelles phrases retenir ?
Les meetings sont d'ailleurs conçus par les organisateurs, professionnels de la politique et de la communication, pour enrôler des publics et orienter le cadrage politique et médiatique. L'écho médiatique est une pièce maîtresse du dispositif. Il faut savoir attirer les médias et se garantir le traitement le plus favorable possible. Ce volet médiatique est central pour saisir la façon dont les journalistes identifient et qualifient les réactions du public (« un public enthousiaste », « un public calme », etc.). La disposition matérielle et le travail de production du meeting sont tout aussi importants. Les candidats matérialisent différemment les liens qui les unissent aux publics présents. Il y a une mise en scène, une théâtralisation des candidats qui symbolise le lien démocratique que les candidats entendent incarner.
Enfin, lors des élections présidentielles, les candidats tentent de séduire les électeurs par différents registres. Selon la doxa démocratique, et de nombreux travaux de science politique, le choix électoral fait appel à la raison, l'électeur se fondant sur les programmes électoraux et les débats politiques pour arrêter son choix Pourtant certains rituels de campagne visent plutôt l'attachement émotionnel voire passionnel. Les réunions publiques sont une vitrine idéale pour façonner les représentations du parti et du candidat, matérialiser le soutien massif dont ils font l'objet et mobiliser stratégiquement les affects des militants et des citoyens.
Les meetings de la campagne présidentielle 2012 | Journée d'études
Vendredi 15 juin 2012 (MESHS)
9h-10h30 : Les meetings, organisation et dispositifs scéniques.
11-12h30 : Le public des meetings, retour sur l'enquête par questionnaire
14h-15h30 : Les meetings et les médias
16h-17h30 : Bilan de l'enquête
Coordinatrice du projet : Nathalie Éthuin (CERAPS - université Lille 2)
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