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isabelle.boof-vermesse[at]univ-lille[POINT]frDans la continuité des travaux sur le posthumain entrepris par une équipe de chercheurs en littérature et sciences humaines de plusieurs universités françaises et étrangères (Brest, Paris 8, UQAM), et partant de la définition du posthumain comme décentrage de l'humain, le projet MACHINE se consacre à l'interface de l'humain et du technologique dans le domaine de l'art et des représentations. Par ailleurs la proposition vise à inclure, grâce à l'apport d'une nouvelle équipe internationale (Université de Guadalajara) une nouvelle thématique et méthodologie, celle des genres (au pluriel et non au duel).
Souvent conçu comme cyborg, ce qui met l'accent sur le corps, le posthumain sera plutôt abordé ici dans sa dimension collective et ce sera donc moins le body art que les dispositifs ou installations qui articulent le réel et le virtuel, l'informationnel et le matériel, l'aléatoire et le machinique, sur lesquels il s'agira de se pencher.
Plus généralement, on tâchera de déployer une approche critique qui tente de s'affranchir de la dichotomie occidentale entre esprit et matière, nature et culture, sujet et pouvoir, production et consommation, pour explorer les espaces intermédiaires et pluriels et questionner ce qui jusqu'à présent était vu comme délibérément produit par l'intervention humaine (l'art, la technologie, le capitalisme).
Depuis le structuralisme, la subjectivité humaine est largement relativisée; arrivons-nous au stade où l'existence même d'un «méta-sujet» (une subjectivité sociale qui serait intelligible) puisse apparaitre comme une fiction? L'assaut contre les «illusions de la subjectivité» (Tristes Tropiques) doit -il se poursuivre pour englober le développement de l'intelligence artificielle, la prolifération des réseaux, la présence spectrale de la réalité virtuelle et du cyberspace («hallucination consensuelle» pour l'écrivain William Gibson) dans notre moment, celui du capitalisme tardif? Autant de pistes contemporaines qui reprennent les interrogations sur la validité de la polarité entre sujet et objet soulevées en leur temps par les artistes surréalistes à la suite de Raymond Roussel, inspirateur de Michel Foucault.
Chez Roussel comme chez Duchamp, la figure de la machine, du mécanisme donné à voir, est centrale («tout fait machine», Deleuze et Guattari), et l'on tâchera d'en débusquer les avatars dans les présentations et procédés qui, dans le domaine de la littérature, des arts visuels, arts plastiques et arts performatifs, bref, dans le domaine de la «création» relève d'un processus de production qui rend visible sa propre consommation.
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