Mé-reconnaissance de l’image : augmentation, automatisation, et intelligence esthétique,
Johanna Drucker, Breslauer Professor of Bibliographical Studies in the Department of Information Studies at the University of California, Los Angeles
Retrouvez cette présentation (version augmentée) en plein écran ici
Résumé
Dans sa discussion sur le rôle de l’informatique dans l’activité humaine, Douglas Engelbart, l’un des pionniers dans le domaine de l’interface homme-machine, fait une distinction précise entre automatisation et augmentation. Selon lui, l’automatisation consiste en des processus entièrement mécaniques. Même si ceux-ci offrent certains avantages (échelle et rapidité), Engelbart est convaincu que ces derniers ne sont pas suffisants pour imiter la pensée humaine. Au lieu de cela, Engelbart suggère que le calcul joue le rôle d’augmentation, soit une extension des capacités humaines. Plus d’un demi-siècle plus tard, le traitement automatisé des images est devenu de plus en plus sophistiqué, avec des moteurs d’inférence avancés et des modèles associatifs de reconnaissance de caractéristiques. Mais le travail de calcul reste une lecture littérale de l’information visuelle (traitement des données dans des formats de fichiers) conforme aux métriques statistiques.
Les processus automatisés ont encore un taux d’erreur assez élevé. D’un point de vue fonctionnel et instrumental, ce qui est en jeu, c’est l’amélioration de la précision grâce à une plus grande puissance de calcul. Mais peut-être la notion d’erreur est-elle mal comprise… La capacité à mal reconnaître, à connaître autrement, reste cruciale pour susciter l’engagement avec des objets esthétiques d’une manière qui défie les métriques standards. Pouvons-nous poser la question de la méconnaissance des images sans tomber dans un manichéisme romantique qui ne fait qu’affirmer le caractère exceptionnel de l’être humain ? Dans ce contexte, cette conférence aborde le rôle de l’intelligence esthétique et des métrique affectives.
Biographie
Johanna Drucker est internationalement reconnue pour son travail sur l’histoire du design graphique, la poésie expérimentale, l’histoire de l’art et les humanités numériques. Ses publications comprennent Graphesis: Visual Forms of Knowledge Production (Harvard, 2014), Digital_Humanities avec Anne Burdick, Peter Lunenfeld, Todd Presner et Jeffrey Schnapp (MIT Press, 2012), et The Visible Word: Experimental Typography and Modern Art Practice 1909-1923 (Chicago, 1994). En plus de son travail académique, Drucker a réalisé ses propres livres d’artistes qui ont fait l’objet d’une exposition rétrospective Druckworks: 40 years of books and projects (Columbia College, Chicago, 2012). Ses œuvres sont présentes dans les collections des musées et des bibliothèques d’Amérique du Nord et d’Europe. En 2014 elle a été élue à l’Académie Américaine des Arts et des Sciences. Ses publications récentes comprennent : Diagrammatic Writing (Onomatopée 2014), Fabulas Feminae avec l’artiste Susan Bee (Litmus Press 2015) et deux titres publiés en 2018, The General Theory of Social Relativity (The Elephants) and Downdrift: An Eco-fiction (Three Rooms Press). Elle vient de publier Visualisation: l’interprétation modélisante (B42, Paris, 2020). Visualization and Interpretation (MIT) et Iliazd: Metabiography of a Modernist (Johns Hopkins University Press) sont prévus pour l’automne 2020. Ses écrits ont été traduits en coréen, en japonais, en catalan, en espagnol, en français, en portugais, en hongrois et en danois.
URI/Permalien: