Le projet « Merveilles de la cour » se propose d’étudier les divertissements de la cour en France au XVIIe siècle – fêtes, ballets, spectacles, jeux : il s’agit dans un premier temps d’une étude exploratoire, centrée sur quelques objets significatifs, qui a pour objectif le dépôt d’un projet de recherche franco-allemand auprès de l’ANR et de son équivalent allemand, la DFG, en mars 2019.
Nombre des oeuvres les plus connues de la littérature « classique » ont été créées lors de divertissements de cour : Tartuffe et George Dandin de Molière, Iphigénie de Racine,… Pourtant, les divertissements de cour ont longtemps été négligés par l’histoire littéraire, en raison de leur caractère hétéroclite. C’est la naissance des arts du spectacle comme discipline universitaire qui a permis l’institutionnalisation des « fêtes de cour » comme objet d’étude (Jacquot, dir., 1956) et a rendu possibles les croisements disciplinaires nécessaires à l’étude de telles pratiques, entre histoire de l’art, du théâtre, de la littérature, de la musique et de la danse, histoire politique et culturelle, sémiologie, anthropologie et sociologie. Cette approche interdisciplinaire a débouché sur la redécouverte des genres mêlés comme la comédie-ballet (Mazouer, 1993), le ballet de cour (Canova-Green, 1997) et la tragédie en musique (Naudeix, 2004).
Dans la continuité de cette démarche, le projet « Merveilles de la cour » se propose de saisir la cohérence des divertissements de cour à partir de l’émerveillement qu’ils cherchent à susciter, dans sa dimension à la fois technique, esthétique et politique. La recherche sur les divertissements de la cour a longtemps été dominée par la volonté de reconstituer ces pratiques à partir de traces documentaires. Notre projet se propose de déplacer l’intérêt vers, d’une part, les conditions matérielles de leur fabrication, à la fois par l’écrit (axe 1) et par les techniques et les institutions du pouvoir (axe 2), et d’autre part leur médiatisation et leurs appropriations (axe 3) (Chartier, 1994 ; Bolduc, 2016).
Le projet « Merveilles de la cour » contribuera ainsi au renouvellement actuel de la compréhension des relations entre arts et politique au XVIIe siècle (Jouhaud, 2000 ; Blocker, 2009). En choisissant d’étudier les « divertissements », plutôt que les fêtes, les cérémonies ou les spectacles, nous souhaitons nous inscrire dans une enquête plus vaste sur la dimension politique des plaisirs (Marin, 1978 ; Viala, 2005).
URI/Permalink: http://www.meshs.fr/page/merveilles17