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julien.omiel[at]gmail[POINT]comCe projet de recherche vise à interroger les « sens politiques du travail » (Sainsaulieu, Surdez, 2012) en s’intéressant à un cas d’étude particulier, celui des travailleurs du port au travers des outils d’observation et de médiation audiovisuels. Travailler ce cas nous permet d’ouvrir une réflexion sur les conditions de possibilité de la politisation du et au travail (Lagroye, 2003). En outre, par la pluralité des questionnements abordés, la diversité des sous-champs de la sociologie, de l’anthropologie et de la science politiques mobilisés, ce projet vise à faire émerger un dialogue interdisciplinaire autour de la politisation du/au travail.
L’entrée empirique place la focale sur un collectif de travailleurs portuaires génois, intitulé CALP (collettivo autonomo lavoratori portuali, trad. : collectif autonome des travailleurs portuaires). Fondé en 2011 à la suite de mobilisations transnationales émergeant en Espagne autour du mouvement des indignés, ce collectif élargit très tôt le spectre de la lutte politique aux réalités « hors travail » en s’appuyant sur la tradition antifasciste et communiste des dockers génois. Au-delà des objets classiques de la mobilisation syndicale (conditions de travail et d’emploi, sécurité au travail), les membres du collectif s’engagent auprès des exilé·e·s à la frontière italienne et tentent depuis 2019 d’empêcher la circulation d’armes dans les ports à destination de pays en guerre en usant des répertoires classiques du monde ouvrier (blocages, grèves, manifestations). Ils circulent également au-delà des frontières pour promouvoir un mouvement transnational antimilitariste auprès des dockers de ports européens (France, Espagne, Grèce). Ce double engagement présente une singularité pertinente et inédite pour interroger la politisation au/du travail dans un contexte de dépolitisation du travail.
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