L'Institut de recherches historiques du Septentrion (IRHiS), en collaboration avec le CALHISTE de l'université de Valenciennes-Hainaut-Cambrésis, met sur pied un programme de recherches pluridisciplinaire international. Il vise à constituer un partenariat pérenne entre universitaires français, belges et néerlandais autour des enjeux identitaires des pratiques et des politiques patrimoniales et muséographiques au sein de l'espace qui, d'Arras à Groningue, recouvre sensiblement les anciens Pays-Bas du début de l'époque moderne.
La question des rapports entre patrimoine, musées et territoires est d'autant plus sensible au sein de cette partie de l'Europe du Nord-Ouest que les variations de frontières y furent, de la fin du Moyen Âge au début des années 1830, fort nombreuses et lourdes de conséquences. Depuis lors, chacun sait que ce que les jeux de la diplomatie et la construction des États ont prétendu figer reste soumis à des forces centripètes. Faut-il, par exemple, rappeler combien la Belgique n'est aujourd'hui qu'un jeu de cartes continuellement remis en question. En privilégiant l'entrée dans les processus identitaires par la voie des politiques et des pratiques muséales, le projet Nord(s) en mémoire entend apporter un éclairage scientifique neuf à un ensemble de questions d'actualité, au sein d'un espace géopolitique où le débat se crispe de manière particulièrement virulente sur les questions identitaires, et où sont actuellement en chantier de très nombreux projets de rénovation ou de création muséographiques.
Le projet Nord(s) en mémoire est résolument pluridisciplinaire : il implique historiens et historiens de l'art, muséologues, géographes, ethnologues, sociologues et, pierre angulaire du tout, professionnels chargés de la conservation et de la valorisation du patrimoine.
Prenant appui sur une cartographie des dynamiques patrimoniales et muséales contemporaines, le projet s'attachera à dévoiler le spectre des intentions qui sous-tendent la mise en place, l'organisation, le contenu, le rayonnement et le devenir du champ patrimonial et muséal. On privilégiera une démarche de reconstitution des processus ayant mené à l'inscription dans le champ patrimonial et muséal de trois éléments structurant des identités territoriales : l'histoire et les traditions, les productions artistiques et littéraires, les paysages et le rapport à la nature. Chacune de ces trois thématiques sera prise en charge par une équipe pluridisciplinaire réunissant des professionnels de la muséologie et des chercheurs qui analyseront tant les phénomènes sociologiques et ethnographiques contemporains que l'arrière plan historique éclairant les stratégies identitaires sous-jacentes aux phénomènes de patrimonialisation ou de muséalisation.
Cette première année de recherche est, dans le cadre du projet émergent soutenu par la MESHS, consacrée à la concrétisation des partenariats initiés avec les universités belges et néerlandaises sous la forme de tables rondes inscrites dans chacun des trois axes définis ci-dessus et destinées à la définition et à la répartition des actions de recherche entre les différents laboratoires impliqués.
Ce travail se nourrit de la réflexion théorique sur les questions identitaires et mémorielles dans l'espace septentrional qui se développe dans le cadre du séminaire de spécialité études européenne Représentations, identités, mémoires des Nords européens organisé par Odile Parsis-Barubé dans le cadre de l'École doctorale Lille-Nord de France.
NOEMI contribuera également au développement du carnet de recherche en ligne RIM-NOR, connecté au site d'IRHIS en direction de la formation doctorale (mise en ligne des séminaires, des bibliographies et ouverture d'une bibliothèque de liens en direction des fonds numérisés des bibliothèques nordiques).
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