L'historien français a coutume de penser le temps au travers d'une quadripartition distinguant les époques «antique», «médiévale», «moderne» et «contemporaine». Le temps est l'irréductible fondement de la discipline et l'obstacle le plus net dans son dialogue avec les autres sciences humaines. La mise en place des périodisations dans l'écriture de l'histoire est consubstantielle à cette dernière. D'abord pensées pour des questions d'exposition rhétorique, littéraire, les périodisations en sont venues progressivement à devenir des facteurs explicatifs d'ensemble. Les périodisations historiennes ne se superposent pas nécessairement avec celles d'autres disciplines qui utilisent les mêmes termes avec des sens différents. Pour débuter l'enquête et la réflexion interdisciplinaire sur la construction des périodisations et de la notion du temps, plusieurs disciplines ont été retenues : l'archéologie qui ne diffère guère de l'histoire que par la nature des documents qu'elle exploite ; l'anthropologie qui tend parfois à s'abstraire du temps pour se centrer sur le thème ; la philosophie qui s'est longtemps centrée sur la notion d'oeuvre et d'auteur.
Par ailleurs, certaines sciences humaines plus formalisées, telle l'économétrie ont progressivement intégré la dimension temporelles et l'étude des ruptures. Ce champ de réflexion sera également appréhendé. Enfin, ce séminaire poursuit un enjeu plus général. La périodisation a ses vertus explicatives et didactiques. Mais est-elle condamnée pour autant à demeurer une démarche de pensée ségrégative et sclérosante? D'une certaine manière ce séminaire pose la question cruciale de l'articulation entre la formation et la recherche.
Pour cette première année, une séance d'introduction sera proposée en janvier, une deuxième séance en histoire, puis en philosophie. L'année académique sera clôturé par une dernière séance en mai; la reprise du séminaire se fera en septembre avec une séance sur l'archéologie.
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