Sébastien Chauvin, assistant professor en sociologie à l'université d'Amsterdam et chercheur à l'Institute for Migration and Ethnic Studies
À partir d'une enquête de terrain comme journalier industriel dans la région de Chicago, l'intervention aborde les paradoxes du travail en usine pour des salariés, souvent sans-papiers, qui y sont employés par l'intermédiaire d'agences. Sur des chaînes très peu automatisées pour lesquelles les entreprises font venir trop de journaliers, les plus précaires doivent dissimuler de longs moments de vide et « mimer » le taylorisme pour garder leur emploi. Le « sale boulot » n'y est pas nécessairement le plus répétitif : il consiste notamment dans l'imposition d'une série de tâches imprévisible. En l'absence d'embauchés directs, les journaliers les plus anciens dans l'usine s'approprient les tâches les plus continues, celles où l'on peut s'« oublier », et se posent en figures de l'avenir pour les nouveaux. Toutefois, ironie de ce mode de mobilisation de la main-d'oeuvre, l'emploi massif, durable et régulier de journaliers oblige à les traiter « en masse » et interdit le recours des directions aux formes les plus extrêmes de flexibilité.
S. C.
URI/Permalien: