L'expertise, terme qui remonte au XIVe siècle et qui apparaît sous l'orthographe espertise, fait d'abord référence à un savoir-faire. Au XVe siècle, elle se rapporte davantage aux métiers en rapport avec le savoir. Un siècle plus tard, elle tend vers l'évaluation de la valeur d'objets en litige puis une réglementation se développe concernant les experts-jurés. L'expertise se développe réellement à partir du XVIIe siècle pour connaître une véritable expansion et diversification aux XIXe et XXe siècles. L'expertise judiciaire laisse alors peu à peu de la place aux expertises hors contentieux. Aujourd'hui, dans une définition générale et globale, l'expertise peut être définie comme l'opération ponctuelle réalisée, à la suite d'une commande, par une personne possédant un savoir de spécialiste dans une science, un art, un métier, qui consiste en l'étude d'un objet afin de délivrer un avis au profit du commanditaire ou d'un autre récepteur.
L'expert, envisagé donc comme celui qui pratique l'expertise, est ainsi perçu comme celui qui possède les connaissances. Il est détenteur d'un savoir qui est lui-même vecteur d'une autorité sociale. Ce savoir est appelé pour légitimer la norme, la décision politique, pour donner du poids à une action, ou encore pour aboutir à une décision qui sera estimée plus juste au sein des juridictions. Il intervient dans tous les domaines et tous les secteurs : la santé, l'environnement, le système social, les procédures judiciaires, ou encore le droit de l'Union européenne qui, peut-être de façon encore plus évidente, recourt aux experts à de multiples niveaux et sous de multiples techniques (expertise individuelle, collective, agences etc.).
Cette multiplicité et complexité de l'expertise, le recours de plus en plus fréquent dont elle est l'objet, amènent de nombreux questionnements car ils participent à la dé-crédibilisation de l'expertise. On observe en effet que les risques de l'expertise et les erreurs commises par les experts sont aujourd'hui couramment mis en évidence. Leur fiabilité est de plus en plus contestée, mise en doute par les médias et journaux.
Alors même que l'expertise est parfois dénoncée, il nous est apparu qu'une recherche interdisciplinaire sur le thème de LA STRATEGIE D'EXPERTISE, associant juristes, sociologues, médecins, spécialistes en sciences de la communication, en science politique permettrait de contribuer à la réflexion sur l'opportunité de l'expertise et de réfléchir à la teneur et à l'influence de la connaissance qu'elle mobilise , qu'elle soit individuelle ou amplifiée (l'expertise collective mobilise plusieurs savoirs distincts), voire utilisée de manière orientée (la connaissance peut être mobilisée en fonction de la personne choisie ou du résultat escompté). La mobilisation de la connaissance peut relever également d'une stratégie (légitimer) et être elle-même stratégique (savoir individuel ou collectif). Quoiqu'il en soit, elle participe de l'amélioration des connaissances, celles-ci ne sont jamais remises en cause, se sont les pratiques, les affiliations, etc., qui sont dénoncées.
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