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edward.gray[at]univ-lille[POINT]frLa Maison Européenne des Sciences de l’Homme et de la Société a recruté en juillet 2020, avec le soutien de l'INSHS, son nouveau Chargé des Humanités Numériques qui intègre le pôle HNOMAD (Humanités numériques, outils, méthodes et analyse de données). Portrait d’Edward Gray, de son parcours et de ses nouvelles missions au service des sciences humaines et sociales en Hauts-de-France.
Bienvenue Edward ! En quoi consiste la nouvelle fonction de chargé de mission Humanités numériques / Digital Humanities Coordinator, que tu occupes depuis le 1er juillet ?
C’est une mission très intéressante, autour de deux axes principaux : le premier concerne l’organisation de la 7ème édition du colloque #dhnord sur les humanités numériques. Cette année, le colloque aura une portée internationale. Le second axe est d’aider les chercheur.e.s, en les accompagnant dans le développement du volet « humanités numériques » de leurs recherches. Cela ne doit pas effrayer, bien au contraire. Les Humanités numériques, ce sont des outils, mais aussi une manière de penser, de construire ou de valoriser sa recherche.
Les humanités numériques concernent-elles toutes les disciplines des sciences humaines ?
Oui, les outils numériques sont partout aujourd’hui. Ils concernent la manière de construire les données de sa recherche, de les visualiser, de les analyser, etc. Les outils sont de plus en plus accessibles et puissants. On gagne beaucoup à s’ouvrir à eux et à se former. Il y a une partie technique qu’il faut apprendre à connaître, mais c’est une réelle opportunité de pousser ses recherches. Il existe de nombreux débats au sein de la communauté scientifique sur la définition des humanités numériques. Sans rentrer dans ces débats, je dirais juste qu’il y a aussi différentes manières d’utiliser les outils informatiques dans ses recherches, de manière plus ou moins poussée. Tout est possible, c’est ouvert, tout le monde est concerné. Vous pouvez utiliser les humanités numériques autant que vous voulez, il n’y a pas d’obligation de se dédier au fond. Feel free to go wild, of course ! Certains outils peuvent tout simplement vous faire gagner du temps... C’est en effet une nouvelle manière de travailler. Ce domaine est en constante évolution, cela bouge ! On ne sait pas où l’on sera d’ici cinq ans...
Comment as-tu découvert ces outils dans le cadre de ta formation scientifique ?
C’est intéressant, car à l’origine, j’étais un chercheur très classique ! J’ai fait ma thèse sur les Marillac, une famille française des XVIème et XVIIème siècles. J’ai suivi leur parcours, leur ascension sociale parallèlement à la transformation de l’État français à cette époque. C’est pour cette raison que je suis venu en France, en 2016, pour faire mes recherches. Avant cela, j’avais suivi en 2015 une formation poussée en paléographie, sous la direction de Marc Smith. J’ai pu connaître l’École nationale des Chartes, qui m’a accueillie comme « doctorant invité » lors de mes études doctorales, par le biais de cette formation.
Un souvenir marquant ?
Maintenant je sais qu’il est possible d’entraîner des algorithmes à lire certains styles d’écriture en paléographie... Toutes ces heures passées devant les manuscrits n’étaient pas pour rien ! En effet, il faut les gens qui ont la connaissance du métier pour pouvoir bien concevoir et entraîner ces modèles, on n’est pas obsolètes du tout ! Juste, on change notre façon de travailler. C’est une des manières d’utiliser les humanités numériques.
Et ensuite ?
Je suis arrivé en France en 2016 comme chercheur invité. J’ai alors suivi un programme de l’École nationale des Chartes sur les technologies numériques appliquées à l’histoire, ce qui m’a permis de rencontrer d’autres chercheurs, de découvrir la richesse de ce champ et d’éventuelles opportunités professionnelles, à l’échelle internationale. Ce domaine se développe dans tous les pays et transcende les approches nationales. Cela crée un lieu d’échanges très intéressant et enrichissant !
Comment as-tu eu connaissance du poste de chargé de misson Humanités Numériques à la MESHS ? Quelle était ta motivation pour ce poste ?
J’ai vu l’annonce pour la première fois grâce à un retweet de l’un de mes professeurs à l’École nationale des Chartes. J’ai très vite reçu un mail d’un autre professeur qui m’a orienté vers cette annonce. J’ai aussi une amie qui m’a interpellé sur celle-ci ! Je suis bien content de tous ces échanges car ce poste m’intéresse vraiment, notamment pour le volet « aide et appui à la recherche ». Je suis là pour aider les chercheur.e.s. Et cela m’apprend aussi, c’est un échange. Je vais avoir l’opportunité de découvrir tout un tas de pratiques scientifiques différentes, de manières de faire et de penser, c’est cela qui est le plus enrichissant.
Dans le contexte sanitaire particulier que nous connaissons, comment se présente et se prépare l’édition 2020 de #dhnord qui aura lieu au mois de novembre ?
La 7ème édition du colloque #dhnord porte sur le thème de l’analyse des images en histoire, histoire de l’art, dans le contexte des musées, etc. Cette année, le volet en présentiel ne pourra pas avoir lieu du fait du contexte sanitaire. Nous travaillons donc à un nouveau format original, entièrement en ligne.
Il y a aura des conférences en ligne pré-enregistrées et annotées ainsi que des tables rondes et d’autres moments d’échanges. Le colloque aura une forte dimension internationale, donc il se passera en anglais. Which is just fine with me ! (rires). Le colloque est organisé en particulier en partenariat avec le CRIHN (Centre de recherche interuniversitaire sur les humanités numériques, Montréal). Nous voulons réussir à créer, même à distance, des échanges stimulants qui font le cœur d’un colloque scientifique, et j’ai hâte de partager toutes nos idées avec vous !
Comment vois-tu la suite de ta mission, après le colloque ?
Il y aura les actes du colloque ! (rires). Nous commencerons dès la rentrée la mise en place d’un rendez-vous régulier pour rencontrer et échanger avec les chercheur.e.s de la région, avec des temps d’information, de formation, etc. Il y aura aussi la mise en place des rendez-vous individuels, pour prendre en compte toutes les demandes d’accompagnement qui nous seront faites. Dans ce cadre, je serai très heureux de parler de l’histoire, de la paléographie, ou bien tout ce qui est américain, mais pas seulement ! Je travaillerai également avec les autres MSH, en particulier dans le cadre du programme HumaNumLab, en coordination avec HumaNum, pour lequel la MESHS a été retenue. Work in progress !
Un dernier mot pour finir ?
Eh bien je dirais que je suis très heureux d’être ici, à Lille, au sein d’une équipe compétente et chaleureuse ! Don’t hesitate to get in touch with any questions about the Digital Humanities !
Entretien réalisé par Mathilde Wybo, MESHS, juillet 2020.
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