Conférence de Christine Liefooghe, animée par Éric Leclerc
La Chine a choisi de participer à la mondialisation capitaliste: elle est devenue «l’atelier du monde». Désormais, la Chine innove et veut devenir le studio créatif de l’économie mondiale. Le ralentissement de la croissance et les défis engendrés par une forte pollution l’exigent et depuis 2006, les plans quinquennaux du gouvernement soutiennent les industries créatives. Des quartiers culturels émergent dans les friches industrielles des villes chinoises, comme les très touristiques M50 de Shanghai ou 798 Art Zone de Pékin. Shenzhen, ville construite par et pour l’industrie d’exportation, est depuis 2009 «Ville Unesco du design» et Shanghai aménage un quartier de la mode pour concurrencer Paris, Londres ou New York. Pour un Occidental, imaginer des Chinois créatifs dans un régime politique fort qui limite la liberté d’expression relève du paradoxe. Si les autorités souhaitent «libérer le gène créatif» du peuple, quelle liberté est accordée aux artistes? Dissidence et création artistique font-elles bon ménage avec la «bonne créativité» à laquelle aspire le Parti Communiste Chinois? L’économie culturelle et créative «à la chinoise» est-elle le cheval de Troie de l’émancipation politique ou une nouvelle forme de domination des consciences?
Christine Liefooghe est maître de conférences à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de Lille, et membre du laboratoire Territoires, villes, environnement et société (TVES - université de Lille/université du littoral-côte d’Opale). Elle a dirigé récemment deux ouvrages portant sur le rôle de l’économie de la connaissance, de la culture et de la créativité dans le développement des territoires: L’économie créative et ses territoires (PUR, 2015) et avec Dominique Mons et Didier Paris: Lille, métropole créative ? Nouveaux liens, nouveaux lieux, nouveaux territoires (PUS, 2016).
Éric Leclerc, professeur de géographie à l’université de Lille, est un spécialiste des mobilités des migrants hautement qualifiés (informaticiens indiens). Ses recherches ont porté également sur l’utilisation d’Internet par la diaspora indienne, des travaux qui interrogent les représentations du cyberespace ainsi que les méthodes des humanités numériques.
Cette manifestation est soutenue par l'Etat et le Conseil Régional Hauts-de-France dans le cadre du CPER ISI-MESHS. |
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