Ce colloque international s’inscrit dans le cadre d’une coopération scientifique internationale autour des enjeux contemporains de la « biopolitique ». Il s’agit, lors de ces rencontres « ViiP » à Lille les 2 et 3 octobre 2019, de lancer un programme de recherche ambitieux, impliquant notamment des chercheurs français, brésiliens, italiens, argentins.
Le programme de recherche « Vie, Violence, Pouvoir » (ViiP) a pour point de départ l’hypothèse du biopouvoir telle qu’elle est formulée par Foucault au milieu des années 1970. Il s’agit à la fois d’explorer les présupposés qui soutiennent cette hypothèse afin d’en restituer la généalogie interne et de les confronter à ses propres héritages ainsi qu’aux questionnements contemporains qui permettent d’en évaluer l’actualité, la pertinence et peut-être aussi les limites et les nécessaires reformulations.
Ce programme de travail comporte trois axes principaux.
Un premier axe concerne la multiplication et la diversification des dispositifs de contrôle des corps (corps individuel et corps-espèce) qui se déploient au point de croisement d’une médicalisation du social et d’une régulation du sexuel. Il convient ainsi d’interroger aussi bien les formes historiques prises par ces modes de gestion du vivant humain et leur concentration sur la dimension de la sexualité que les nouvelles normes du vivant qui organisent et distribuent la multiplicité des corps en vue de prévenir les risques d’une déviance ou d’une dégénérescence et d’assurer une certaine normalisation des conduites.
Un deuxième axe se concentre alors sur le paradoxe d’un pouvoir sur la vie qui s’exerce d’autant plus efficacement qu’il produit le rejet violent ou même l’anéantissement de certaines vies, jugées indignes d’être vécues. Pour interroger ce rapport entre biopolitique et nécropolitique, au cœur de l’histoire du « racisme » d’État mais aussi des politiques migratoires contemporaines, il convient d’une part de restituer les logiques d’exclusion qui le soutiennent, d’autre part de nouer la construction d’identités négatives aux formes de vulnérabilité dont elles procèdent. Au cœur du questionnement se trouve alors la réalité de ces vies vulnérables, qui se trouvent potentiellement exposées à l’exercice d’une violence directe ou indirecte, mais aussi à la souffrance sociale d’un déni de reconnaissance.
Le troisième axe du programme « ViiP » envisage les modalités d’une résistance à ces formes de vulnérabilité qui font obstacle à l’expression d’une vie bonne, bénéficiant d’une reconnaissance sociale de sa valeur et de son autonomie. Le questionnement proposé concerne notamment le rapport entre résistance, violence et émancipation. Peut-on penser la résistance sans la violence ? Et indépendamment de la visée normative d’une reconnaissance qui est l’objet d’une lutte et qui mérite elle-même d’être définie dans ses contenus pour mieux être assumée ?
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