La question de la beauté, plus souvent invoquée dans les sciences humaines, trouve toute sa place dans l'univers des mathématiciens, qui parlent volontiers d'un beau théorème, d'un beau résultat, d'une belle formule, d'une jolie configuration, contrairement à certaines idées reçues sur cette discipline. Ce séminaire vise ainsi à explorer les modalités d'une appréhension de la beauté qui rapproche les mathématiques de la littérature et des arts, dans une commune « humanité » de la science. De tout temps, en effet - des sculptures grecques de Polyclète et des canons de Dürer aux théories les plus récentes -, c'est au langage mathématique que sont empruntées les notions esthétiques de symétrie, de proportion, d'intervalle, d'harmonie (cf. H. Weyl). Il s'agit, de là, d'explorer l'idée d'une beauté des mathématiques en elles-mêmes, et ce qui fonde leur pertinence en matière de beauté, de retrouver les principes d'une dimension esthétique de la science, comme discipline et mode d'appréhension du réel et non simplement à travers ses objets, et de définir la beauté comme inhérente aux mathématiques mêmes, voire de reconnaître la capacité inattendue qu'a cette discipline de parler à l'intuition. Le séminaire met en place une approche diachronique et synchronique à la fois - en envisageant divers moments représentatifs de cette histoire d'une élection des mathématiques comme système et comme langage en matière de beauté, et en approfondissant les modalités de cette appréhension du beau selon la diversité des disciplines littéraires et mathématiques, et de leurs branches - par-delà la distinction instituée des « sciences humaines » et des « sciences dures ».
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