> Partenariat MESHS - Espace culture de l'université Lille 1
Cette séance est le fruit d'un partenariat entre l'espace culture de l'université Lille 1, dans le cadre des Rendez-vous d'Archimède, cycle "À propos de l'évaluation" et la Maison européenne des sciences de l'homme et de la société, dans le cadre de son 6e Printemps des sciences humaines et sociales.
Inscription au 03.20.12.58.30 ou à cette adresse.
6e Printemps des sciences humaines et sociales | Programme complet
► 14h | Introduction
Martine Benoit, professeur d'histoire des idées à l'université Lille 3, directrice de la Maison européenne des sciences de l'homme et de la société et Jean-Philippe Cassar, vice-président culture et patrimoine scientifique de l'université Lille 1
► 14h15 | Conférence inaugurale
Jean-Marie Harribey, maître de conférences en économie à l'université Bordeaux 4, coprésident des Économistes atterrés
Présentation: Rémy Caveng, maître de conférences en sociologie à l'université de Picardie - Jules Verne
Richesse et valeur : retour à la critique de l'économie politique à l'occasion de la crise systémique du capitalisme contemporain
Les contradictions sociales et écologiques du capitalisme au début du XXIe siècle peuvent être analysées comme résultant de la difficulté de plus en plus grande, première contradiction, de faire produire de la valeur à une force de travail trop exploitée pour absorber la totalité des marchandises, et, seconde contradiction, lui en faire produire toujours plus sur une base matérielle en voie d'épuisement ou de dégradation. La crise financière ouverte en 2007 est l'éclatement de l'illusion entretenue pendant les dernières décennies, selon laquelle la finance pouvait se dégager de la contrainte sociale et de la contrainte matérielle évoquées à l'instant et devenir une source endogène et autosuffisante de nouvelle richesse pour poursuivre une accumulation infinie. Or ces deux contraintes sont indépassables.
C'est la raison pour laquelle les entreprises multinationales essaient de s'emparer à tout prix des biens communs de l'humanité, les ressources comme les connaissances, tentative qui est devenue le nouvel horizon d'un capitalisme cherchant la sortie de sa crise. Dans cette perspective, deux cibles principales sont visées : la sphère non marchande, considérée comme improductive et parasitaire de la sphère marchande, et la nature qu'il s'agit de plier aux impératifs capitalistes. On montrera ici que la matrice conceptuelle de la critique de l'économie politique, d'Aristote à Marx, distinguant richesse et valeur, valeur d'usage et valeur d'échange, permet de comprendre que le travail effectué dans la sphère non marchande est éminemment productif et que la nature est irréductible à du capital. En particulier, l'idéologie entourant le «capital vert» ou « capital naturel » oscille entre deux formes de fétichisme : ou bien elle considère que la valeur de la nature est d'ordre économique et elle ne peut être intrinsèque, ou bien la valeur de la nature ne relève pas de l'économique et on ne peut pas l'ajouter à la valeur économique.
J.-M. H.
Échanges avec le public
► 15h30 | Table ronde : Définition et évaluation de la richesse : controverses
Avec : Bernard Friot, professeur émérite à Paris-Ouest Nanterre - La Défense, IDHE ; Henri Sterdyniak, directeur du département «économie de la mondialisation» de l'Observatoire français des conjonctures économiques, Paris ; Bernard Perret, ingénieur et socio-économiste, membre du conseil général de l'environnement et du développement durable.
Animateur : Richard Sobel, maître de conférences en économie à l'université Lille 1, chercheur au CLERSÉ
Le CNR a-t-il changé le partage ou la production de la valeur économique ?
Le programme du CNR (Conseil national de la résistance), mis en oeuvre en 1944-47 avec le statut de la fonction publique, la sécurité sociale, la création d'EDF-GDF et la nationalisation des banques et assurances, n'a pas seulement modifié le partage de la valeur économique. Il a commencé à subvertir ses institutions capitalistes en remplaçant la propriété lucrative par la propriété d'usage, le marché du travail par le salaire à vie, le crédit par la cotisation, le temps de travail par la qualification du producteur.
B. F.
La croissance nécessaire ? Lafargue, Thorez et nos petits-enfants...
La pensée marxiste comme la pensée keynésienne a soutenu deux thèses contradictoires : d'une part, le travail libère, c'est le creuset même de la classe ouvrière, le moteur de l'histoire, l'évolution de l'humanité suppose le plein développement des forces productives. D'une part, le travail aliène, le capitalisme crée de faux besoins pour asservir les travailleurs. La fin du capitalisme permettra la fin de la croissance effrénée et inégalitaire indispensable à sa survie. Après la crise de 2008, le débat s'aggrave: faut-il prôner une forte relance appuyée sur l'innovation et la créativité des entrepreneurs (mais est-elle compatible avec les caractéristiques actuelles du capitalisme financier? Faut-il la payer par une forte hausse de l'instabilité économique des inégalités de revenu?) ou chercher une autre croissance (mais sous quelles conditions en termes de répartition des revenus et des pouvoirs, selon quels critères de choix en matière de production et de mode de vie)?
H. S.
La définition de la richesse n'est pas qu'une question de théorie économique. Elle renvoie aux questions: 1) de ce qui est socialement/ politiquement reconnu comme rare, utile et échangeable dans un contexte historique donné et 2) de ce qui peut être explicitement pris en compte pour équilibrer un échange entre deux agents. Dans cette perspective, on ne peut dissocier la réflexion sur les indicateurs de richesse de la crise écologique, des limites rencontrées dans le processus de monétarisation de l'échange social et de l'émergence de nouvelles formes de dé-monétarisation. À des titres divers, ces évolutions imposent de considérer distinctement la rareté et l'utilité, dimensions de la richesse que la valeur économique était censée subsumer. En terme d'action politique, il est pertinent de relier l'élaboration collective des indicateurs de bien-être et la mise en oeuvre de mesures axées sur la dé-monétarisation des besoins.
B. P.
Échanges avec le public
► Pause: 18h-18h30
► 18h30 | Conférence de clôture : Au-delà des richesses
Alain Caillé, professeur émérite de sociologie à l'université Paris 10 et coordinateur du «Manifeste convivialiste»
Animateur : Jean-Philippe Cassar
Échanges avec le public
► 20h15 | Conclusion