Contact
samuel.hayat[at]univ-lille2[POINT]frReprésentation, participation et protestation dans les bassins industriels à l'échelle globale
La citoyenneté industrielle est un objet multiforme, qui renvoie à l’ensemble des pratiques et des dispositifs par lesquels les travailleurs industriels exercent un rapport actif à leur entreprise et au territoire dans lequel elle s’insère. La citoyenneté industrielle est donc entendue dans un sens large, non pas au sens de statut juridique, mais comme le moyen de désigner les interactions entre travail et politique : non seulement en considérant les organisations de production comme des institutions politiques, mais aussi en abordant la façon dont le travail et le milieu de travail façonnent l’expérience politique des individus et des groupes. Il ne s’agit donc pas de se limiter au noyau dur des travailleurs d’usine, mais de prendre au sérieux les environnements professionnels contrastés et l’ensemble des liens sociaux (familiaux, de genre, de loisir) qui structurent les populations dépendantes du travail industriel. Pour rendre compte de la diversité de ses formes, il faut en faire une approche à la fois localisée - il s’agit de saisir la citoyenneté industrielle «par le bas» - et comparative - au Nord comme au Sud, dans l’histoire comme dans le présent. En amenant des historiens, des sociologues, des politistes, des juristes ou encore des économistes à considérer différentes expériences de citoyenneté industrielle, à rendre compte de leurs logiques, à les comparer entre elles, on peut espérer rendre compte de la richesse de cet objet, mais aussi des tensions qui le traversent.
Pour ce faire, ce projet s'organise autour de trois axes :
1. Repenser les formes de représentation des travailleurs. Le regard comparatif et le décentrement géographique et historique permettront de rendre compte de la diversité des régimes de représentation des travailleurs et de restituer leurs logiques propres, en considérant des régimes de représentation pluri-institutionnels.
2. Saisir les rapports entre monde du travail et champ politique, par l'étude de la manière dont les formes d’action, de représentation et de participation développées dans les usines, interagissent avec les processus de politisation des travailleurs hors des usines.
3. Penser les tensions de la citoyenneté industrielle, à travers l'analyse des processus de subjectivation politique qui entrent en tension avec l’idée même d’un ordre industriel, d’une «police», dans lequel les travailleurs agiraient seulement à partir de la place qui leur est attribuée.
L’optique du projet est donc un ancrage résolument pluridisciplinaire et une approche comparative à la fois dans le temps et l’espace. Il s’agit de mettre en relation des personnes travaillant sur des bassins industriels de différentes époques et dans différents lieux, pour rendre compte de la diversité des manières dont la citoyenneté industrielle se construit et s’exerce. C'est là d’un enjeu central pour comprendre la construction des rapports sociaux et politiques des travailleurs et les formes de résistance et d’accommodation face aux transformations industrielles - une question cruciale notamment pour saisir les effets de la désindustrialisation ou de la précarisation du travail.
CITINDUS reçoit le soutien de la MESHS via l'appel à projets "émergents" ainsi que celui de l'université de Lille.
URI/Permalink: