conférence de Jean-Christophe Plantin (université du Michigan)
Discutant : Éric Dagiral (université Paris Descartes)
L'augmentation des données numériques disponibles pour la recherche en SHS s'accompagne d'une fragmentation entre, d'un côté, les infrastructures de données existantes, tel l'ICPSR ("Inter-university Consortium for Political and Social Research"), et, d'un autre côté, l'émergence de plateformes en ligne offrant des services similaires pour la collecte de données, leur archivage et leur diffusion. À travers l'analyse croisée de trois acteurs _ le service de micro-blogging Twitter, le répertoire de données Figshare, et l'ICPSR _ nous montrerons que la multiplication de ces plateformes dans la recherche se traduit par la généralisation du principe "d'espaces premium", où l'universalisme dans le choix des données à archiver est remplacé par une hiérarchisation accrue. Cette "plateformisation" des données a deux conséquences pour la recherche en SHS: sur la réplication des résultats, comme le prouvent les différents écueils rencontrés lors de l'utilisation de données provenant de Twitter; sur les infrastructures de données existantes, qui intègrent ce principe "d'espaces premium" en développant des offres similaires en plus de leur service traditionnel.
Jean-Christophe Plantin est actuellement chercheur postdoctoral à l'Université du Michigan (School of Information). Ses recherches portent sur les pratiques de cartographie participative lors de débat public, et sur les enjeux épistémologiques des larges masses de données numériques pour la recherche en SHS. Il est l'auteur de l'ouvrage "Participatory Mapping: New Data, New Cartography" (Wiley, 2014).
Éric Dagiral est sociologue, maître de conférences à l'université Paris Descartes et chercheur au CERLIS. Ses recherches portent sur les techniques d'information et de communication, et plus particulièrement sur les usages d'Internet et la conception de services en ligne. Il travaille actuellement sur l'appropriation de technologies de "quantification de soi" et de self-tracking, et étudie l'essor du mouvement du Quantified Self aux États-Unis et en Europe.
Cette conférence est organisée par le groupe «médias et territoire» du GIS CIS, l'équipe Geriico de l'université Lille 3 et le département de philosophie de l'université Lille 3
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