Lorsqu’il est question des Lumières, quelques idées reçues viennent à l’esprit: une poignée de philosophes dressés contre l’absolutisme et l’obscurantisme, ancêtres des philosophes engagés, luttant la plume à la main pour la tolérance et les droits de l’homme. En réalité, les choses sont évidemment plus complexes. L’espace public, alors en gestation, se prêtait mal à la publication directe d’opinions hardies, tout en ouvrant la porte à de subtiles négociations avec la censure, voire à son contournement.
La carrière de Denis Diderot, éditeur de l’Encyclopédie, mais auteur aussi de livres plus radicaux et plus subversifs, offre un cas exemplaire pour réfléchir aux postures d’auteurs et aux stratégies de publication dans la France du XVIIIe siècle.
Antoine Lilti est historien, directeur d’études à l’EHESS (Paris)
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