Les États, nationaux ou multinationaux, ont en commun de s'être formés au travers de conflits dont les principaux ont été autant d'étapes décisives dans leur évolution. Si l'on songe d'abord au conflit politique, où l'organisation et les orientations de l'État sont par essence en jeu, et qui suppose de prendre en compte aussi bien la portée philosophique que les expressions symboliques de son objet, les enquêtes en SHS, dans un espace aussi profondément marqué que l'espace septentrional par le passage des armées et par les mutations de l'activité industrielle, ont également vocation à éclairer les conflits guerriers et les conflits sociaux. Les questions qu'ils soulèvent doivent être abordées dans un esprit de comparaison à la fois intranational (et même infranational) et international. C'est vrai tout particulièrement des attitudes devant la réalité conflictuelle la plus paroxystique, celle de la guerre. L'évolution observable dans les études sur cette réalité au cours des deux dernières décennies se caractérise précisément par une internationalisation des problématiques, notamment dans le cadre d'équipes ou d'organismes de recherche septentrionaux qui se sont fixé pour but de stimuler de tels échanges. Poursuivre sur cette voie apparaît donc comme l'une des principales missions qui puissent être assignées à notre Maison européenne des sciences de l'homme et de la société.
Le programme de recherche rassemble trois types d'opérations complémentaires : la constitution d'un groupe international ayant pour responsables un historien français et un historien belge, dont les membres se réuniront selon une périodicité régulière en vue de la préparation d'une publication collective d'ensemble ; deux opérations définies à partir d'aires géographiques jugées particulièrement pertinentes, la péninsule italienne et les Balkans, donnant lieu à des rencontres annuelles et à des publications distinctes ; enfin, sous le titre « Neutralités, sauvegardes, accommodements : microhistoire des ``arrangements" face à la guerre et à l'occupation à l'époque moderne et contemporaine », une opération thématique vouée à une approche comparative, dans le temps comme dans l'espace, des attitudes et réactions des occupants comme des occupés et à leurs formes de « cohabitation ».
