Depuis les années 90, on sait qu’il existe une distribution différentielle des femmes et des hommes dans les activités sportives. Le football français présente notamment un taux de féminisation de 7,4%, malgré un plan fédéral de féminisation impulsé en 2011. Parmi les résistances à la féminisation d’un sport, le rôle joué par les médias a été identifié (sous-médiatisation, invisibilisation, trivialisation et sexualisation). Le projet interdisciplinaire IMDE2F>JEUNES, qui réunit des historiens, sociologues et linguiste, a pour objectif d’analyser la diffusion et la réception des modèles différenciés de sportivité auprès des jeunes. D’abord, il s’agira de quantifier et de qualifier la mise en images et en textes des joueuses et joueurs de l’équipe de France de football ayant participé aux Coupes du Monde 2010/2011, 2014/2015 et 2018/2019 dans la presse écrite française « jeunesse » sur une période couvrant l’avant, le pendant et l’après-évènement sportif international. Ensuite, il s’agira de mener une étude de la réception auprès de groupes-cibles des magazines « jeunesse » de notre corpus. En considérant l’article journalistique comme un médiateur symbolique collectif, le projet IMDE2F>JEUNES vient combler un angle mort de la sociologie de la socialisation sportive : l’influence de la couverture et du traitement médiatiques des élites du sport français (ici, le football) sur les représentations et pratiques des jeunes. Ce faisant, nous pourrons montrer dans quelles mesures la médiatisation différenciée des footballeur.se.s professionnels contribue à la vulnérabilisation de certaines catégories de la population et donc, à porter atteinte à la bonne santé du lien social : en dégradant la qualité des interactions entre les individus, remettant en cause notre capacité à vivre ensemble d’une part ; en calcifiant le lien social du fait de l’accroissement des tensions entre groupes d’autre part.
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