Si la sociologie du risque a pour vocation de diagnostiquer et prévenir les évènements dommageables (Beck, 2002), leur survenance parait inéluctable et s’apparente à un éternel recommencement qui selon Michel Serre tient au fait qu’après une crise, même si l’on guérit, on « ne fait jamais retour en arrière » et l’on doit logiquement créer un nouvel état (Serre, 2009). C’est donc, semble-t-il, l’absence de nouveauté qui participe de la répétition des crises. « Demo-crisis », soit le peuple/les démocraties en crise, est un projet à vocation transdisciplinaire s’appuyant sur le constat d’un nombre accru de situations de crises en Europe et aux Etats-Unis. Elles revêtent des formes variées et donnent lieu à des résultats parfois inattendus tels que l’essor du mouvement Me Too après l’élection de Donald Trump, ou celui des gilets jaunes après l’élection d’Emmanuel Macron, ou encore la récente élection de l’acteur Volodymyr Zelensky en Ukraine, phénomènes résultant d’une crise de la représentation politique. Nos réflexions porteront principalement sur les effets que génèrent l’anticipation des crises sur la société, mais aussi sur l’incapacité de les anticiper, soit « l’inanticipable ».
Le projet DEMO-CRISIS s'inscrit dans le cadre d’une collaboration entre le laboratoire Textes et Cultures (EA4028) de l’Université d’Artois et le CERSA (Centre d’Etudes et de Recherches de Sciences Administratives et Politiques) de l’Université Panthéon-Assas (UMR7106) en association avec l’Institut d’Etudes Européennes de l’Université Libre de Bruxelles.
Il consiste en l'organisation d'une série de trois journées d’études, dont les objectifs sont :
- de mettre en regard les conséquences des stratégies d’anticipation des crises (agences de notations, sondages, surveillance).
- de questionner la politique et la rhétorique de la peur des crises migratoires, technologiques et sanitaires.
- d'interroger les conséquences "inanticipables" de crises générant des mouvements d'ampleur parfois internationale.
