Le terme professionnalisation occupe actuellement une place importante au sein des catégories et discours publics. Ce terme est aussi transversal puisqu'il est mobilisé à la fois dans des discours institutionnels, politiques et scientifiques. Pour ce qui concerne les sciences de l'homme et de la société, ces usages transcendent les frontières disciplinaires. Cette «omniprésence» est cependant trompeuse. En effet, si les recours disséminés à un unique terme peuvent laisser supposer la référence à un unique objet, cette première impression ne résiste pas à un examen raisonné. En réaction à cet état de fait, un certain nombre de chercheurs s'est approprié cette catégorie pour en clarifier les usages, la constituer en catégorie d'analyse ou parfois en concept (Wittorski, 2010, 2008). Dans ces cas, la professionnalisation renvoie par exemple aux groupes professionnels, aux organisations de travail et à leurs évolutions (Boussard, Demazière & Milburn, 2010) mais aussi aux produits, visées et fonctions de l'institution scolaire (Convert & Jakubowski, 2011, 2010) ou, plus largement, de la formation tout au long de la vie (Solar & Hébrard, 2008). Ces efforts de cartographie des usages du terme semblent cependant voués à être réitérés tant ces derniers continuent d'être pléthoriques. Ce travail de clarification peut aussi être complété par une identification des éléments concourant à l'émergence et à l'instauration, dans le domaine public, d'un vocable en apparence récent.
Afin de poser des jalons à cette réflexion, quelques pistes à suivre peuvent a minima être exposées. On pourra, tout d'abord, interroger la plasticité du terme qui contribue, sans aucun doute, à son «omniprésence». Dans un deuxième temps, on pourra poursuivre en évoquant que, malgré ou au travers de cette plasticité, subsiste un rattachement du terme à l'activité professionnelle. De ce point de vue, la profusion et le succès de la professionnalisation peuvent être considérés comme des indices d'évolutions actuelles touchant d'abord au travail et à l'activité professionnelle (Champy-Remoussenard, 2010), mais aussi à l'institution scolaire et à la formation tout au long de la vie et, plus largement, aux formations sociales concernées. C'est donc pour revenir plus en détails sur les particularités de cette nouvelle catégorie institutionnelle, politique et scientifique, en interroger le(s) contexte(s) d'émergence ainsi que la diversité des réalités qu'elle désigne que les intervenants de ce cycle de séminaires ont été conviés.
Coordinateurs du projet : Thomas Dumet (Cirel, équipe Trigone) et Patricia Champy-Remoussenard (Cirel, équipe Proféor) en association avec Sébastien Fleuriel (Clersé), Juliette Verdière (Clersé) et Abdelkarim Zaïd (Cirel, équipe Théodile).
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