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renaudmorieux[at]gmail[POINT]comToute étude d'une frontière pose le problème classique de la discordance entre les délimitations politiques et les échanges qui s'effectuent de part et d'autre, montrant souvent l'artificialité et le caractère conventionnel de ces découpages. Le cas de la Flandre pousse à l'extrême cette tension. Dans cet espace traversé de contradictions, le jeu sur le singulier et le pluriel est fondamental.
La terminologie et les rattachements administratifs montrent à quel point cette région fut historiquement déchirée par les conflits : comté et province, la Flandre fut bourguignonne, espagnole, zélandaise, française ou belge. En articulant l'étude des pratiques frontalières et des représentations, il s'agira de réfléchir aux processus et aux modalités de construction d'une région-frontière qui peut servir de véritable laboratoire.
Quoi de commun entre la « Flandre maritime » et la « plaine flamande » ? Entre la Flandre depuis longtemps urbanisée et industrialisée, la Flandre agricole, la Flandre ouverte sur le grand large, maritime et colonial ? De quelle manière les jeux et rejeux des délimitations politiques viennent-ils perturber les circulations, à l'échelle d'une région-frontière qui occupe une fonction de passage ancienne, qui en fait l'un des principaux carrefours migratoires européens depuis le Moyen-Âge ? Peut-on identifier des continuités et des contradictions dans les discours d'appartenance, qui insistent sur l'homogénéité linguistique, religieuse ou économique de ces territoires ? A l'horizon de cette rencontre, est ainsi posée la question de l'actuelle remise en cause de l'État belge.
En réunissant des chercheurs français et belges à Lille, capitale historique de la Flandre française où l'on ne parlait pas flamand, cette rencontre tentera de relever plusieurs défis, l'interdisciplinarité, la longue durée et le comparatisme, en laissant une large place à la discussion collective.
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