10h-12h : Lien Zoom (ID de réunion : 992 0888 3508)
Accueil des participant.e.s, présentation du séminaire et des interventions de la journée (Christelle DORMOY-RAJRAMANAN, MCF en sociologie, INSPE de Lille HdF/Université de Lille, RECIFES-CIREL, CRESPPA-CSU).
Claire BENVENISTE, doctorante en sciences de l’éducation et de la formation, Université de Paris 8, CIRCEFT-ESCOL, « Formation initiale des enseignants du primaire et démocratisation de l'école : du discours d'enseignants-stagiaires aux contenus de formation » :
Notre recherche sur la formation initiale des enseignants du primaire en France s’appuie sur le constat que les difficultés professionnelles des enseignants sont liées à leur impuissance à faire apprendre une partie importante de leurs élèves, à « gérer l’hétérogénéité » et résoudre les difficultés d’apprentissage des élèves, alors même que la formule de la « réussite de tous les élèves » est omniprésente dans le discours officiel, dans un contexte français marqué par la persistance, voire le creusement, des inégalités socio-scolaires.
Notre analyse du discours d’une trentaine d’enseignants-stagiaires en fin de formation dans deux académies nous permet de mettre à l’épreuve l’idée que les enseignants sont mis en difficulté par certaines normes ou injonctions pédagogiques dont ils ne perçoivent pas le caractère socialement situé (Montmasson-Michel, 2019). Confrontés à des dilemmes ou des conflits de normes (par exemple « faut-il suivre le programme ou se focaliser sur les plus faibles », « comment motiver les élèves sans perdre de vue les apprentissages ») qu’ils ne sont pas en mesure de dépasser, les enseignants mobilisent alors des discours essentialisant et naturalisant sur les difficultés des élèves pour « tenir » face à ce « travail empêché ».
Les conditions de travail et d’entrée dans le métier ont déjà été analysées pour expliquer ces discours de manière relationnelle (Broccolichi et al., 2018). De manière complémentaire, notre communication interroge dans un second temps les contenus de formation initiale des enseignants du primaire pour éclairer à la fois les processus de désengagement professionnel face aux difficultés des élèves, et la production des inégalités sociales d’apprentissage dans les classes : les savoirs, et plus largement les contenus transmis en formation, sont-ils susceptibles d’aider les enseignants débutants à comprendre et faire face à ces contradictions auxquelles ils sont rapidement exposés sur le terrain et qui les mettent, ainsi que leurs élèves, en difficulté ? Nos données sont constituées des plans de formation, des intitulés et descriptifs des enseignements pour sept ÉSPÉ et, plus finement, de supports de cours et de notes de cours d’étudiants dans deux ÉSPÉ ; elles concernent plus particulièrement les cours transversaux sur les difficultés des élèves et sur les inégalités scolaires.
Discutante : Christelle DORMOY-RAJRAMANAN, MCF en sociologie, INSPE de Lille HdF /Université de Lille, RECIFES-CIREL, CRESPPA-CSU.
Gérard SENSEVY, PU en sciences de l’éducation et de la formation, Université de Bretagne Occidentale, CREAD, « Inégalités scolaires et forme scolaire, profession de professeur, ingénieries coopératives » :
Cette communication sera organisée en trois parties.
Dans sa première partie, je m'attacherai à montrer comment les inégalités scolaires sont instituées en particulier par la structure temporelle de la forme scolaire classique, et par la manière dont cette structure temporelle empêche tous les élèves, mais certains plus que d'autres, de s'approprier des savoirs, en créant ainsi une inégalité épistémique foncière dans les classes (Collectif Didactique pour Enseigner, 2019 ; Sensevy, 2019).
Dans une deuxième partie, j'expliciterai pourquoi et comment, selon moi, l'une des raisons majeures des difficultés que rencontrent les professeurs dans leurs enseignements tient à la nature sociale de semi-profession de leur métier (Etzioni, 1965, Chevallard, 2010 ; Collectif Didactique pour Enseigner, 2020). Il en résulte notamment une difficulté d'autonomisation de la « profession », un assujettissement à l'institution contre-productif, et une relation quasi-inexistante avec la recherche en éducation.
Dans une troisième et dernière partie, je fournirai la description rapide de dispositifs de coopération (Sennett, 2012 ; Rancière, 2008, 2012 ; Fischbach, 2015) entre professeurs et chercheurs, les ingénieries coopératives, centrées sur la mise en œuvre de séquences d'enseignement dans les classes (Sensevy, 2011 ; Sensevy & Bloor, 2020 ; Sensevy, 2020). Après avoir décrit les principes qui orientent ces ingénieries coopératives, je donnerai un exemple spécifique du fonctionnement d'une d'entre elles (le LéA ACE Réseau Bretagne Provence), et des dispositifs qu'elle met en œuvre pour instaurer des formes de solidarité épistémique entre les élèves.
Je conclurai en soutenant que l'institution de dispositifs de coopération entre professeurs et chercheurs – tels que les ingénieries coopératives – pourrait contribuer à la reconstruction de la forme scolaire, et à une certaine transformation bénéfique des professions de professeur et de chercheur.
Discutant : Antoine THEPAUT, MCF en sciences et techniques des activités physiques et sportives, INSPE de Lille HdF/Université de Lille, Théodile-CIREL.
14h-17h : Lien Zoom (ID de réunion : 976 6956 1829)
Stephan MIERZEJEWSKI, MCF en sciences de l’éducation et de la formation, INSPE de Lille HdF/Université de Lille, RECIFES-CIREL et Abdelkarim ZAID, PU en sciences de l’éducation et de la formation, INSPE de Lille HdF/Université de Lille, Théodile-CIREL (débat lancé et animé par), « Pour un croisement des regards sociologiques et didactiques en formation des enseignants ».
Les animateurs du débat entendent tirer parti de la présence et des interventions de Gérard Sensévy et de Claire Benveniste pour engager la discussion sur les enjeux et conditions d’une articulation des regards sociologiques et didactiques à même de mieux penser les politiques et pratiques de formation enseignantes. Articulation à laquelle ils s’essayent eux-mêmes dans le cadre d’une recherche conjointe portant sur les pressions temporelles et la situation de porte-à-faux qui affectent l’exercice de la mission de tutorat assumée par les Conseillers pédagogiques de circonscription.