Les fluctuations monétaires ont eu dans le passé et ont actuellement de fortes répercussions sociales. Les variations des prix et des revenus, évalués en monnaie, affectent de façon différente les diverses classes sociales et sont à l'origine de transferts de revenus réels favorisant les inégalités. La mise en place de l'euro a conduit à un accroissement des déséquilibres à l'intérieur de la zone euro. Les pays du Sud (France, Italie, Espagne, Portugal, Grèce) sont pénalisés par un euro surévalué tandis que les pays du Nord (Allemagne, Pays-Bas, Autriche, Belgique, Finlande) bénéficient d'un euro sous-évalué favorisant leurs exportations. En France, la surévaluation de la monnaie se traduit par des performances à l'exportation médiocres affaiblissant le secteur industriel. De plus, la perte du taux de change en tant que mécanisme d'ajustement des déséquilibres est difficilement substituable. Au niveau macroéconomique, le travail devient la variable d'ajustement du système et s'avère bien moins efficace que la monnaie pour lutter contre le chômage et les inégalités. Au contraire, la surévaluation de la monnaie tend inexorablement à réduire les salaires des travailleurs les moins protégés tandis que d'autres secteurs et classes sociales restent à l'abri du chômage et de la baisse des revenus. Cette double inégalité (entre le Nord et le Sud de la zone euro et entre les classes sociales de chaque pays) remet en cause la viabilité de la zone euro et se traduit par la montée de l'euroscepticisme, en particulier en France.
Vincent Duwicquet est maître de conférences à l'université Lille 1 et membre du Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (CLERSÉ). Ses travaux portent sur la zone euro, la macroéconomie et la théorie postkeynésienne.
CLERSE (Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques)
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