Se déplacer au quotidien en toute sécurité, confortablement et de manière indépendante constitue un vecteur de participation sociale. Chez certaines populations, notamment les personnes en situation de handicap mental ou déficience intellectuelle (DI), les déplacements autonomes sont fortement limités. En effet, les enquêtes de terrain montrent que ces personnes sortent peu de chez elles, empruntent toujours les mêmes trajets et sont dépendantes d'autrui pour se déplacer, même dans un environnement familier (Alauzet, Conte, Sanchez et Velche, 2010; Mengue-Topio et Courbois, 2011). Ces restrictions s'expliquent par des difficultés cognitives et émotionnelles en lien avec la déficience intellectuelle, mais aussi par des obstacles liés à l'environnement social. Les personnes DI expriment effectivement de nombreuses craintes liées aux interactions sociales à l'occasion des déplacements en transports en commun ( comment demander de l'aide ? comment réagir aux face aux moqueries, remarques désobligeantes? etc.). Démunies, elles restreignent leurs déplacements alors que leurs familles ou les professionnels qui les accompagnent peinent à trouver des solutions (Mengue-Topio et Courbois, 2011 ; Mengue-Topio, Letalle et Courbois, soumis).
La mobilité quotidienne requière de maîtriser de nombreuses habiletés qui mettent enjeu es représentations spatiales, l'utilisation des transports, les interactions sociales et la résolution d'imprévus survenant pendant le déplacement (Devers, 1997). Depuis une dizaine d'années, les membres de l'axe handicap et développement du laboratoire PSITEC (université de Lille) ont orienté leurs travaux de recherches sur la mobilité personnes déficientes intellectuelles en se référant aux théories de la navigation spatiale (Courbois, Mengue-Topio, Sockeel, 2013) et, plus récemment, en analysant la dimension sociale des déplacements (Mengue-Topio, Bachimont, Courbois, 2017). Les recherches réalisées à l'aide de méthodologies variées (enquêtes, photovoice, analyses des déplacements en milieu naturel, recherches expérimentales en environnement virtuel) ont générés de nombreuses données.
L'objectif du projet Mobilité spatiale et socialisations (MSS) est de traduire ces résultats de recherche en supports pédagogiques, fondés sur des données scientifiques qui seraient utilisables par les professionnels ou les familles.
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