L'approche par les services écosystémiques, notamment mise en oeuvre dans le programme du Millennium Ecosystem Assessment (MEA) lancé par les Nations Unies, vise à identifier et à mesurer la contribution des écosystèmes dans la satisfaction des besoins socio-économiques, ceci afin de fournir aux décideurs publics et privés des outils pour procéder à des arbitrages entre plusieurs modes d'exploitation des écosystèmes.
Ce projet propose une double démarche évaluative et prospective. Il s'agit, dans un premier temps, de spécifier et de quantifier les services rendus par les écosystèmes compris comme étroitement liés à l'état de la biodiversité et aux besoins humains. Dans un second temps, une réflexion prospective envisagera les évolutions possibles de l'occupation du territoire et de son fonctionnement socio-économique.
L'évaluation des services écosystémiques portera sur le territoire du parc naturel régional Scarpe et donnera lieu à une étude centrée sur des services écosystémiques co-définis avec les acteurs du territoire, qui présentent à la fois des enjeux forts du point de vue des usages socio-économiques du territoire et du point de vue de la biodiversité, soit que les services qui seront étudiés se révèlent dépendre étroitement du maintien de la biodiversité des milieux, soit qu'ils se déploient à son détriment.
- Coévolution entre natures et sociétés: de la théorie à la mise en pratique
- 🌐 | Centre de Recherche pour l'Etude et l'Observation des Conditions de Vie, Paris
- Évaluation des services écosystémiques et politiques publiques
:: Ce séminaire s'inscrit dans le cadre d'une série de quatre séminaires programmés au cours de la période allant de mars 2012 à novembre 2013...
- Olivier Petit (In charge)
- Eric Masson
- Muriel Maillefert
- Iratxe Calvo Mendieta
- Jérôme Longuepee
Dans le cadre de l'appel à projets "biodiversité" du conseil régional Nord - Pas-de-Calais, en partenariat avec la Fondation pour la recherche sur la biodiversité.
Axes principaux de recherche :
- Évaluation de certains services écosystémiques cibles du parc naturel régional Scarpe-Escaut (PNR-SE).
- Travail de prospective sur l'évolution des services rendus par les écosystèmes du PNR-SE au vu des transformations des milieux naturels et des usages socio-économiques.
Sous-axes de recherche :
- Évaluer l'intérêt de l'approche des services écosystémiques pour intégrer les enjeux de la biodiversité dans la décision publique.
- Quantifier certains services écosystémiques cibles pour permettre un arbitrage entre les mesures de protection environnementale et les autres objectifs d'action publique. Évaluation d'unités de mesure harmonisées pour rendre comparable les enjeux économiques, sociaux et environnementaux d'un territoire.
- Appliquer l'approche des services écosystémiques à un territoire «régional» à partir de données quantitatives.
- Développer une analyse prospective dans l'évaluation des services écosystémiques d'un territoire «régional» en évaluant l'impact croisé de la biodiversité et des usages socio-économiques sur ce territoire.
Contexte et enjeux du projet :
La forte dégradation des espaces naturels dans le Nord - Pas-de-Calais conduit la région à encourager la recherche sur les moyens de réduire, si ce n'est inverser, les fortes pressions exercées sur les milieux par les activités humaines. Afin de modifier les comportements des acteurs, il est nécessaire de démontrer le rôle joué par la biodiversité dans la conduite même de leurs pratiques, en fonction des différentes logiques qui les sous-tendent selon que les individus agissent en tant que décideurs (publics et privés), opérateurs, consommateurs ou citoyens. L'approche par les services écosystémiques, notamment mise en oeuvre dans le programme du Millennium Ecosystem Assessment (MA) lancé par les Nations Unies en 2001 et achevé en 2005, vise à souligner et à mesurer la contribution des écosystèmes dans la satisfaction des besoins socio-économiques (MA, 2005a, 2005b, 2005c, 2005d). Il s'agit de mettre en évidence dans quelle mesure la biodiversité et les processus naturels (fonctions écologiques) des écosystèmes sont exploités dans le cadre d'activités humaines et sont utilisés comme des biens et des services ne faisant pas l'objet de contrepartie financière.
La mesure du poids des ressources naturelles dans les activités socio-économiques a pour objectif de fournir aux décideurs publics et privés des outils pour procéder à des arbitrages informés entre plusieurs modes d'exploitation des écosystèmes, ceci en leur permettant:
- de disposer d'ordres de grandeurs pour évaluer dans quelle mesure leurs activités dépendent des écosystèmes;
- d'observer les évolutions des « services écosystémiques » effectifs et potentiels afin d'anticiper les besoins à venir et adapter leurs décisions en conséquence;
- d'identifier les alternatives existantes dans l'utilisation des ressources naturelles pour répondre à des besoins socio-économiques.
Il s'agit, in fine, de produire la base scientifique pour valoriser les actions d'amélioration de la conservation et d'utilisation durable des écosystèmes, en démontrant leur caractère incontournable pour le maintien et l'augmentation du bien-être humain.
Problèmes posés et questionnement scientifique :
Le Millennium Ecosystem Assessment, conduit entre 2001 et 2005, a permis d'établir une première évaluation des services rendus par les écosystèmes à un niveau global. Ses conclusions insistent néanmoins sur la nécessité de poursuivre le travail à plusieurs échelles spatiales (transnational, national, local) et temporelles (MA, 2005d). La conduite subséquente de travaux d'évaluation des services écosystémiques à différentes échelles rend l'approche initiée par le Millennium Ecosystem Assessment précieuse, dans la mesure où elle rend les travaux conduits et les données obtenues pour partie complémentaires et comparables.
En 2008, le ministère en charge de l'écologie a ainsi impulsé la conduite d'une étude méthodologique pour l'évaluation des services rendus par les écosystèmes à l'échelle du territoire français (CREDOC, Biotope, Asconit Consultants, Pareto, 2009).
L'étude concluait sur deux constats:
- L'étude recommandait une application infra-nationale de l'évaluation des services écosystémiques, pour plusieurs raisons. Le choix de l'échelle régionale/locale adaptera le questionnement du travail d'évaluation aux problématiques spécifiques d'un territoire précis, en interaction avec de nombreux décideurs publics et privés agissant sur ce territoire défini (élus des collectivités territoriales, gestionnaires d'espaces naturels, etc.) et leurs besoins opérationnels. Il permettra également d'évaluer l'adhésion que peut susciter l'approche initiée par le MA: au-delà d'un développement de la connaissance des écosystèmes et des usages qui en sont faits, l'évaluation des services écosystémiques peut-elle remplir son rôle d'outil d'aide à la décision auprès des acteurs gestionnaires d'un territoire aux échelles régionale et locale? Par ailleurs, l'échelle régionale permet de travailler sur des données fines concernant les écosystèmes et les usages socio-économiques du territoire pour une mesure aussi précise que possible des services rendus.
- L'évaluation des services rendus par les écosystèmes d'un territoire doit nécessairement inclure une dimension évolutive, prenant en compte à la fois les changements que connaissent les écosystèmes et leurs fonctions écologiques, mais aussi les mutations des utilisations faites des écosystèmes en fonction de l'évolution des besoins socio-économiques, du progrès technique, du contexte législatif et politique.
Objectifs du projet :
Compte tenu du constat qui vient d'être dressé, le projet proposé est fondé sur une double démarche évaluative et prospective. Il s'agit, dans un premier temps, de spécifier et de quantifier, dans la mesure du possible, les services cibles rendus par grands écosystèmes en fonction de l'état de la biodiversité et des besoins humains associés au territoire étudié. La caractérisation et la mesure des mécanismes écologiques et socio-économiques offre, dans un second temps, la possibilité de construire une réflexion prospective à l'échelle du territoire retenu, concernant les évolutions possibles de l'occupation du territoire, de son fonctionnement socio-économique, pour envisager les actions d'amélioration de la conservation et l'utilisation durable des écosystèmes, en lien avec la biodiversité qui les caractérise. Les scénarios prospectifs envisageront plus particulièrement l'articulation entre des services écosystémiques complémentaires ainsi qu'entre des usages concurrents.
Un travail préalable d'identification des services rendus par les écosystèmes du territoire qui présente des enjeux socio-économiques forts pour celui-ci et qui lui sont spécifiques sera nécessaire. De façon inhérente, l'étude de la diversité biologique d'un territoire renvoie à une dimension essentiellement écologique ou « éco-centrée » des rapports entre l'homme et la nature.
L'approche par les services écosystémiques s'inscrit dans une perspective inverse dans le lien entre l'homme et la nature puisqu'elle fait du bien-être humain le référentiel principal de la notion. Les services écosystémiques relèvent donc d'une perspective « anthropocentrée ». Il est donc indispensable de passer par un découpage des écosystèmes de la zone choisie et une identification des services délivrés par ces écosystèmes afin d'articuler biodiversité et services écosystémiques. La confrontation des services écosystémiques identifiés à l'étude des indicateurs de biodiversité sur le territoire concerné devrait permettre de mesurer la dépendance du système socio-économique en place et de son évolution aux ressources naturelles et à leur devenir.
L'objectif est de travailler sur des services écosystémiques qui présentent des enjeux forts du point de vue des usages socio-économiques du territoire et du point de vue de la biodiversité, soit que les services qui seront étudiés se révèlent dépendre étroitement du maintien de la biodiversité des milieux, soit qu'ils se déploient à son détriment. Ce travail s'appuiera sur une réflexion menée avec les acteurs du territoire pour, d'une part, identifier les usages socio-économiques liés à l'utilisation des écosystèmes qui relèvent d'enjeux de décision particulièrement problématiques dans le territoire et, d'autre part, prendre en compte les connaissances locales des écosystèmes.
De cette manière, l'étude s'inscrira clairement dans la démarche participative du MA.
Les deux axes de recherche, les démarches évaluative et prospective, font écho au questionnement proposé par l'appel à projet qui évoque les questions suivantes, centrales dans une démarche MA : Comment modéliser les services rendus en fonction des types de paysage ? Quel état de la biodiversité pour satisfaire les besoins d'aujourd'hui et de demain ? Comment arbitrer la multifonctionnalité des écosystèmes ?
La recherche portera sur le territoire du parc naturel régional Scarpe-Escaut .
D'une part, le PNR-SE présente des enjeux écologiques, socio-économiques et stratégiques particulièrement en phase avec l'approche MA. D'autre part, il dispose de ressources essentielles pour un travail de recherche en termes d'expertise des milieux écologiques et des usages socioéconomiques locaux, de données disponibles, et de partenariats avec les acteurs publics et privés (communes, centres de recherche universitaire, écoles, entreprises, associations...). La spécificité stratégique du PNR Scarpe-Escaut donnera aux résultats de la recherche une dimension heuristique particulièrement pertinente pour investir le questionnement sur le caractère opérationnel de l'évaluation des services écosystémiques pour la conception et la conduite de l'action publique. Il s'agit en effet de mener un travail concret sur les questions théoriques majeures (notion de service environnemental, co-évolution nature-société, etc.).
Contact :
Olivier Petit (CLERSÉ, UMR 8019, université Lille 1)
Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (CREDOC)
Bruno Maresca, directeur du département Évaluation des politiques publiques du CREDOC.
Maison européenne des sciences de l'homme et de la société (MESHS - USR 3185), avec les laboratoires suivants:
- Le Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (CLERSE, UMR 8019)
- Territoires, villes, environnement et société (TVES, EA 4019)
- Lille économie et management (LEM, UMR 8179)
Muséum national d'histoire naturelle (MNHN), avec le laboratoire Conservation des espèces, restauration et suivi des populations (CERSP, UMR 7204)
Parc naturel régional Scarpe-Escaut (PNR-SE)