Le projet Vulnérâge réunit un consortium d’équipes de recherche lilloises et internationales (6 universités de l’Alliance européenne InclusU et l’université McGill de Montréal) autour des enjeux de la prise en charge des personnes âgées vulnérables. Ces enjeux ont surgi dans l’actualité à l’occasion de la crise sanitaire et, encore plus récemment, à l’occasion des révélations concernant des maltraitances en EHPAD, révélant la logique économique qui prévaut parfois sur la logique d’un accompagnement humain des personnes vulnérables.

L’approche interdisciplinaire qui est au coeur de ce projet mobilise des compétences issues du champ des sciences humaines et sociales (psychologie, sociologie, philosophie, droit, éducation) et du champ de la santé (gériatrie), elle s’appuie également sur les connaissances issues du terrain (grâce à l’apport d’associations d’usagers, patients, familles). Elle vise à éclairer d’un nouveau jour la question du « soin » en en faisant le point focal d’une expérience où interviennent des acteurs différents (les soignants, les soignés, les institutions de soin) qui sont le plus souvent étudiés de manière séparée mais qui gagnent à être pensés dans leurs interactions complexes.

L’objectif poursuivi est double. Il s’agit d’abord de produire un nouveau paradigme de l’expérience du soin qui part d’une notion subjective de la vulnérabilité, partagée entre les personnes âgées et les soignants eux-mêmes qui doivent répondre à cette vulnérabilité en l’appréhendant de la manière la plus adéquate. Il s’agit ensuite de mettre ce paradigme à l’épreuve des pratiques et des institutions en recueillant les perspectives des acteurs et en proposant des actions de valorisation sociale et de formation à l’attention des publics concernés.

D’un point de vue sociétal, le projet Vulnérâge s’inscrit pleinement dans des questionnements actuels sur le vieillissement, les formes de vulnérabilité qui lui sont liées et la prise en charge des personnes âgées qui mérite d’être envisagée autrement que d’une manière clinique ou dans le cadre institutionnel d’une médicalisation. En redonnant au « soin » sa complexité et en étudiant ses acteurs et sa dynamique propre, il s’agit par conséquent de réfléchir, à partir de la situation particulière des personnes âgées, aux conditions d’une « société du care ».