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contact[at]crll-npdc[POINT]frLe numérique vient perturber les limites physiques et temporelles du livre et de ce que l'on a coutume de nommer les œuvres de l'esprit telles qu'elles se fixent dans l'écriture. Livres numériques, livres interactifs, livres modulaires et modulables, récits en construction, blogs littéraires, journal littéraire en ligne, ouvrages scientifiques réactualisés en temps réel, abonnements à des contenus en flux... ces formes nouvelles interrogent le concept même d'œuvre aboutie et close. Mais qu'est-ce que l'aboutissement et la clôture d'une œuvre? Le destin d'un livre, d'une œuvre, est-il fatalement d'être abandonné par son créateur? Le numérique nous entraîne-t-il vers un monde de flux continu où la notion même d'œuvre risquerait de ne plus trouver de sens économique et culturel? Ne parle-t-on pas d'ailleurs de plus en plus fréquemment de «production» ou de «contenu» plutôt que d'œuvre?
Au-delà de la question technique, se pose aussi une interrogation sur le temps de l'œuvre: temps de sa maturation et de son élaboration, temps du cycle traditionnel de l'édition accompagné de sa promesse d'éternité, mais aussi temps de l'appropriation par les lecteurs. Quelle place nouvelle peuvent trouver les œuvres de l'esprit dans l'économie du numérique, le temps médiatique et son culte de la performance intellectuelle continue?
On ne prendrait pas la juste mesure de ces mutations sans les replacer dans une perspective historique. En effet, le lien entre l'œuvre littéraire et le livre imprimé n'est pas aussi stable qu'on voudrait le croire. Ce que l'on fait mine de découvrir aujourd'hui avec étonnement dans l'édition numérique n'est-il pas une nouvelle variation sur un air connu depuis longtemps?
Comité scientifique
Léon Azatkhanian (CRLL Nord - Pas de Calais), Janis Monchet (MESHS), Christian Morzewski (CRLL Nord - Pas de Calais, université d'Artois), Anne-Gaëlle Weber (université d'Artois, MESHS)
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