Programme scientifique 2026-2030

La politique scientifique de la MESHS est élaborée en concertation avec les universités régionales et leurs laboratoires. Ce programme s’inscrit également dans les priorités issues de la Smart Specialisation Strategy (S3) de la Région Hauts-de-France (Stratégie Recherche Innovation 2021-2027) pour le développement économique de ce territoire, liées aux transitions sociétales, incluant les notions de vulnérabilités, résilience, anticipations et maîtrise des risques, comme à la transition démographique ou l’adaptation de la société au vieillissement. Ce programme encourage l'interdisciplinarité entre sciences humaines et sociales et avec les autres sciences, l'internationalisation des recherches et les coopérations avec la société, en cohérence avec la charte des Maisons des Sciences sociales et des Humanités (MSH).

Le programme scientifique 2026-2030, appuyé sur trois axes, reconduit l'axe "Vulnérabilités", en y intégrant les questions complémentaires relevant de l’ancien axe "Anticipations", et définit désormais comme axe l'action transversale "Humanités numériques", issue du précédent programme quinquennal. Il s’enrichit enfin d’un nouvel axe "Paysages et territoires". Enfin, le contexte actuel incite fortement à accorder une place particulière à la question des transitions (technologiques, sociales, économiques, politiques, environnementales...) , qui de fait apparaît comme une sorte d’axe transversal présent dans nos trois orientations scientifiques privilégiées.

Vulnérabilités

Cet axe reprend les différents angles d’approches du programme quinquennal précédent (facteurs de vulnérabilité, évaluation de celle-ci…), mais infléchira la réflexion en incluant la notion de transition, omniprésente dans la recherche contemporaine en SHS.

Dans un monde de plus en plus mouvant, faisant face à des transformations multiples, la problématique de la vulnérabilité est une clé d’entrée fructueuse pour essayer d’en saisir l’évolution incertaine. Pour autant, la notion de vulnérabilité et le développement récent de son usage pour des situations multiples qui auparavant étaient identifiées sans mobiliser cette notion, demandent à être problématisés dans leur historicité. On insistera également sur ces éléments, complémentaires de la vulnérabilité, repris de l’axe "anticipation" que sont les dispositifs de prédiction/prévision, de défense, d’adaptation, de résistance, de résilience, de prévention, d’innovation, qui permettent d’affronter une menace, de limiter ou réduire plus ou moins fortement, voire de faire disparaître l’état de vulnérabilité ou le risque de vulnérabilité. La question de l’utopie, de l’imaginaire lié à l’anticipation restera prise en compte.

En accord avec les problématiques régionales, les recherches favoriseront, sans exclusive, la réflexion portant sur le vieillissement et la santé, la "silver économie", les transitions sociétales, énergétiques et environnementales, l’anticipation et la maîtrise des risques. Sont également associées à l’axe 1 les problématiques privilégiées par deux projets hébergés à la MESHS : celles abordées par le GRÉVIF (Groupe de Recherche et d’Études sur les Violences Intrafamiliales), dont la recherche participative et collaborative vise à dresser un état de la recherche sur les facteurs et moyens de prévention des violences intra-familiales dans une approche territoriale ; mais aussi certains aspects du GIS PRÉHAUTS (Pôle Recherche Éducation Hauts-de-France), en particulier liés à son axe : "inclure socialement et scolairement".

Paysages et territoires

Cet axe, qui s’inscrit prioritairement dans sa dimension régionale, se déploie sur les plans géographique, juridique, économique, historique, humain, culturel et artistique, dans une exploration des dynamiques humaines et des écosystèmes. Sur certains points, il recoupe et renforce l’axe Vulnérabilités, car il inclut l’étude de l'impact des activités humaines sur les paysages et les territoires (voir l’anthropisation des paysages et des territoires), en examinant les conséquences sociales, économiques et environnementales, les transformations des paysages, mais aussi les éléments de résilience, de développement et de renouveau. Cependant il doit aussi être imaginé plus librement, ouvrant par exemple un champ plus large aux disciplines littéraires et artistiques, ou encore d’architecture ou d’histoire de l’art, qui n'étaient pas suffisamment impliquées dans les axes précédents. En effet, il implique également les questions de représentation, les façons dont on regarde le paysage, les dispositifs de médiation qui sont associés à ce regard (œuvres littéraires, médiatiques, artistiques), les discours sur le territoire. Il envisage aussi les perceptions, les besoins et les préoccupations des communautés régionales (l’accompagnement politique des territoires, la structuration des acteurs sur un territoire), comme la façon dont elles se représentent. L’inscription dans le territoire spécifique des Hauts-de-France inclut également les problématiques liées au paysage marqué par les guerres, aux forêts, aux eaux, au littoral, au patrimoine et au tourisme.

Les questions étudiées par les structures hébergées, par l’IF2RT (Institut Fédératif de Recherche sur le Renouveau des Territoires), par le Laboratoire mobile des langues (projet "Écouter Parler") et, dans une moindre mesure, par le GIS PRÉHAUTS (axe "interroger les parcours scolaires en contextes") s’inscrivent dans le champ de l’axe 2.

Humanités numériques

Les humanités numériques, en cohérence avec le rôle tenu par le numérique dans l’accompagnement fonctionnel opéré par la MESHS, comme avec l’identité de notre maison, constituent à présent un axe à proprement parler de notre programme scientifique. Envisager le numérique comme un axe de recherche, c’est compléter la formation, qui relève du fonctionnel, en développant un volet recherche plus affirmé, plus clairement réflexif sur les défis sociaux portés par ce domaine. La production, la massification et la disponibilité croissante de données sous formes numériques impliquent des questionnements et des enjeux nouveaux pour les disciplines de SHS, comme l’emploi de nouvelles méthodes et de nouvelles technologies ; cet axe vise donc également à continuer d'accompagner ce mouvement de fond, notamment la réutilisation des données en SHS, les questions éthiques, juridiques et épistémologiques posées par les données massives, sans oublier celles portant sur la conservation numérique du patrimoine.

Les questions suscitées et abordées par le colloque DHNord et par les journées avec lesquelles il alterne nourrissent naturellement la réflexion favorisée par cet axe, comme certaines pistes d’analyse de la PUDL (hébergée à la MESHS), autour des données structurées issues de grandes enquêtes/de sources administratives.